La maternité, une aventure extraordinaire...


J'ai consacré de nombreuses années à tenter de mieux comprendre le passage de la naissance. J'ai préparé et accompagné de nombreux couples pour la naissance de leur enfant.
Peu à peu, j'ai élargi ma réflexion au vécu des femmes au cours de leurs différents passages: puberté, âge adulte, maternité, ménopause. Il est très intéressant pour les femmes de mieux comprendre ces passages de vie transformateurs et la puissance des hormones qui interagissent au cours des cycles.

Il y a eu la naissance du Centre Pleine Lune il y a déjà plus de 5 ans puis l'émergence tranquille de Ô Féminin, espace de rencontre avec la force du Féminin.

Isabelle Challut






mardi 28 décembre 2010

La naissance de Jules

Je vous partage le témoignage d'une mère qui m'a envoyé ce texte il y a quelques mois déjà. Son histoire illustre bien la situation si souvent vécue en salle de naissance. Voilà pourquoi l'Accompagnement des femmes qui accouchent est si important.

«Il y a deux semaines j’ai eu la plus belle des nouvelles. J’aurai la chance de donner la vie pour une deuxième fois. Un être à part entière, avec sa propre  histoire à venir, prendra tranquillement forme à la source même de mon ventre. J’ai déjà des sursauts d’attendrissement en pensant à lui.

Cette nouvelle m’oblige à repenser à mon dernier accouchement. Sans dramatiser ce qui s’est passé ou à envisager les évènements comme un échec. Je dois admettre que j’ai l’impression d’avoir subi cet accouchement sans avoir pu y mettre du mien, sans avoir laissé mon corps de femme s’ouvrir pour accueillir Jules dans mes bras de mère. J’ai été incrédule à l’arrivée de Jules. Sans l’avoir vu sortir de moi, sans avoir constaté que je donnais naissance à mon bébé, j’avais beaucoup de difficulté à valider mon statut de mère. On m’a apporté un magnifique poupon nettoyé, enveloppé dans une couverture qui n’avait pas tout à fait l’odeur de la naissance. Je n’étais pas convaincue!

J’ai longtemps ri dans ma barbe de voir ma mère parler de son premier accouchement, il y a 32 ans, avec le même degré d’émotion qu’un évènement qui se serait passé la veille. Elle en veut encore au médecin de l’avoir brusquée et endormie. Or, maintenant, je ne ris plus, je comprends. Je comprends la signification d’un accouchement, de sa résonance pour notre identité de femme. Pour la confiance qu’il  peut nous apporter pour revêtir notre nouvel habit de maman. Et j’arrive un peu plus à  saisir le stress, la perplexité et l’impuissance que j’ai vécus pendant le mien.

J’ai crevé mes eaux à 23:00 dans la joie! J’allais mettre notre enfant au monde. Nous allions l’accueillir dans notre vie et prendre soin de lui. Or, la douleur m’a vite ramenée à la réalité de l’accouchement. Des contractions, ça fait mal! C’est comme des chocs électriques qui  traversent le corps sans ménagement. J’arrivais tout de même à apprivoiser la douleur. Mais je ne ressentais pas de support de mon entourage. L’unité de naissance était débordée, j’ai été accueillie poliment mais sans sourire, sans chaleur particulière, de la même manière qu’on accueille une patiente pour des pierres au rein. Certes, je ne suis pas extraordinaire parce que j’accouche et je ne veux pas de traitement de faveur mais un sourire complice m’indiquant que l’on reconnaît que ce qui m’arrive est à la fois un évènement inconnu et charnière dans ma vie de femme.

Les deux salles de naissance étant occupées,  on m’attribue une chambre dénudée où j’ai froid. L’infirmière ne me parle pas ou très peu. Elle ne me sourit pas, elle ne semble pas être heureuse d’être avec moi et de m’aider à mettre au monde mon fils. D’ailleurs elle ne m’aide pas, elle applique un protocole.

Malgré cette déception peut-être un peu naïve, j’ai essayé de me concentrer et de bien vivre les contractions. Pierre était à mes côtés, il marchait avec moi, je m’accrochais à son cou pour reproduire les positions qu’on m’avait montrées pendant les cours prénataux.  Après un certain temps, j’ai eu enfin accès à un bain tourbillon dans une salle de naissance. 
Je me suis réfugiée dans le bain. La pièce était sombre et feutrée, je me concentrais sur les contractions et je visualisais mon bébé. Ce fut la plus belle partie de mon travail. Par contre, j’aurais aimé avoir une femme ayant déjà accouché à mes côtés pour me rassurer, m’accompagner. Alors que j’étais dans le bain, j’ai entendu la femme dans l’autre pièce avoir son enfant, le médecin l’encourager et les premiers cris du bébé. Ce moment fut émouvant: elle avait donné la vie et dans quelques heures, comme elle, j’entendrai les cris de mon fils!

Je ne sais pas combien d’heures je suis restée dans le bain mais j’y étais bien. Or, je sentais que Pierre voulait que je sorte, l’infirmière m’y encourageait également. Je suis sortie malgré l’inconfort du froid et de la salle de naissance trop éclairée. On a vérifié mon col et je n’étais dilatée qu’à trois centimètres malgré la nuit de travail! Déception, fatigue, inconfort, douleur… Je croyais que l’accouchement progressait avec une dilatation continue mais finalement toutes les contractions vécues jusqu’à maintenant l’avaient été pour presque rien... J’étais terriblement fatiguée et découragée. J’avais besoin qu’on m’aide, qu’on me guide, qu’on m’encourage à trouver une façon de retrouver ma concentration.

J’aurais dû me relever, bouger pour reprendre le contrôle de la situation où retourner dans le bain et son confort. Mais on m’a proposé l’épidurale et ma fatigue, mon désarroi devant la douleur, m’ont donné le goût d’accepter. À partir de là, je ne voulais plus avoir mal. 
L’épidurale n’a pas bien fonctionné. J’avais mal, mes jambes étaient prises de secousses, j’avais froid  et je ne pouvais plus bouger. Ma concentration n’allait plus au bébé à naître mais à l’anesthésiste qui ne revenait pas. J’étais stressée.  Finalement il est revenu, m’a injecté une nouvelle dose d’anesthésiant qui m’a soulagée rapidement. 
Or, une ou deux minutes plus tard, le rythme cardiaque de Jules, qui était sous moniteur, a ralenti dramatiquement. J’étais terriblement inquiète et perdue; j’avais peur. L’infirmière semblait paniquée et criait pour qu’un médecin vienne. Dr X. a examiné rapidement mon col et, avec une main sur mon épaule et une voix douce, il m’a annoncé qu’il valait mieux sortir mon bébé de là. Après ça, rien ne m’appartenait plus: ils m'ont endormie pour une césarienne.

C’est drôle, maintenant que j’y pense, des cinq personnes qui m’ont entourée durant mon travail, il n’y avait aucune femme qui avait l’expérience de l’accouchement. Mon conjoint, deux médecins hommes et une femme sans enfant. 

Je repense à cet accouchement et me demande comment les choses auraient évoluées si j’avais retrouvé confiance et un peu de concentration lorsque j’en avais besoin. Est-ce que j’aurais vu Jules naître? Est-ce que je l’aurais tenu dans mes bras encore tout chaud de mon ventre? Est que j’aurais entendu ses premiers cris? Perçu ses premiers mouvements?

Je suis la première responsable du déroulement de cet accouchement. J’aurais dû rester concentrée et être à l’écoute de mon confort. Ne pas me sentir découragée par mon trois centimètres de dilatation et ne pas accepter la pression... Mais voilà, j’ai fait ce que j’ai pu avec le support que j’ai reçu. Et Jules est un p’tit bonhomme magnifique et heureux.

Malgré tout j’aimerais me donner tous les moyens pour avoir un deuxième accouchement serein. J’aimerais avoir l’impression d’être la femme qui accouche et qui décide pour moi-même.  J’aimerais accueillir mon enfant. »

Merci Catherine. 

samedi 18 décembre 2010

Passage.


J'écris mon dernier texte de l'année car nous allons maintenant prendre du temps en famille, pour célébrer, se reposer et passer en douceur vers 2011. C'est comme une naissance:  un lent passage vers une nouvelle année, un peu en dehors du temps. Il y a eu des moments de joie, des chocs,  des grosses contractions mais aussi de  l'amour, du partage, des prises de conscience... en 2010. 

Je crois qu'il est important de prendre le temps d'intégrer cette année, riche de rencontres et d'expériences agréables ou non mais qui nous ont construits.

2010 s'est terminée avec le congrès Enfanter le Monde dont je vous ai parlé et la pièce Naissance qui fut une soirée très stimulante, dédiée à l'expression des femmes.
Dans mon coin de Québec, en 2010, j'ai réfléchi, écrit, transmis, peut-être parfois même agacé les professionnels de l'obstétrique pour qu'ils ouvrent vers cette vision naturelle mais aussi sacrée de la naissance, vers l'accueil de l'enfant et le respect des femmes, de leur corps et de leur vécu.

Je me détache peu à peu du résultat pour continuer à ouvrir d'autres voies car même si le milieu médical semble encore souvent sclérosé, je ne perdrais jamais l'espoir que de petits changements se mettent en place et que l'éducation et l'accompagnement des femmes et des hommes sont les principaux moteurs du changement de notre société.

J'ai rencontré dans, ou issus du milieu médical, des personnes engagées, impliquées, au coeur grand ouvert et à la conscience éveillée qui m'ont réchauffé l'âme et donné espoir: mon amie et médecin-anesthésiste-préférée-hors-de-tout-doute, dr Renée Bolduc, qui dans sa pratique hospitalière, informe, respecte les femmes et leurs besoins quelques soient les pressions extérieures;  Christine Angelard, médecin en France et devenue thérapeute en santé globale au Québec qui écrit, transmet  et accompagne les personnes qui souffrent avec des approches alternatives; dr Michel Odent, qui nous parle inlassablement de la naissance avec le coeur, dans le respect des femmes, des enfants, des parents, de la formidable organisation naturelle des choses et de la volonté de domination de l'homme; mon ami, dr Joël Monzée, chercheur en neuro sciences et psychothérapeute, dénonçant courageusement les effets du ritalin et autres drogues; des infirmières, des pharmaciens, des médecins, des psychologues travaillent activement dans ce sens aussi.

Et puis il y a tout un monde infatigable qui oeuvre inlassablement à l'ouverture depuis tant d'années: les merveilleuses sages femmes, les intervenantes, les accompagnantes, les centres de ressources en périnatalité, les maisons de naissance et les parents, des hommes et des femmes anonymes...je ne peux nommer tout le monde. 

Je souhaite que 2011 soit l'année de la rencontre des mondes et de l'ouverture du coeur.


Mon jardin sous la neige à Val David le 17 décembre 2010. Douceur et beauté sont au rendez-vous.

dimanche 12 décembre 2010

MON AVAC

Lundi 13 décembre, nous allons assister à la pièce «Naissance» à l'espace Go à Montréal; cette soirée est au profit de avac-info. Karen Brody a écrit cette pièce en 2004. Elle nous emmène dans l'intimité de huit femmes qui vont nous raconter leur parcours de grossesse et d'accouchement. Différents vécus, différentes histoires, parfois belles, parfois souffrantes. Un débat suivra la représentation avec une sage femme, une accompagnante et des médecins.
Une soirée importante, avec une supplémentaire mardi le 14 décembre. 
Ces témoignages de femmes sont nécessaires dans une société où le pouvoir médical est tout puissant et le vécu des femmes minimisé. Les interventions sont encore trop banalisées et justifiées par la sacro-sainte sécurité.
Je répète qu'aucune étude n'a pu prouver que l'accouchement en milieu hospitalier offre plus de sécurité que l'accouchement accompagné par une sage femme à domicile ou en maison de naissance. La remise en question de certains actes médicaux faits de façon routinière et de leurs conséquences possibles doit avoir lieu. J'espère que des programmes comme AMPRO (2) vont réellement permettre le partage des connaissances entre médecins, sages femmes  et autres professionnels.
Encore trop souvent, on continue de nuire aux accouchements, de déposséder les femmes de leur pouvoir et de leurs capacités en leur faisant peur et en choisissant pour elles. 
Je fais partie de celles qui se sont tenues debout mais qui ont payé un prix assez cher pour cela. J'ai voulu un Avac (1) au plus profond de mes tripes il y a déjà presque 15 ans...instinctivement, il était hors de question que l'on me fasse une césarienne simplement parce que j'avais déjà eu une césarienne, huit ans plus tôt. Je voulais sentir mon bébé passer, j'avais besoin de l'accompagner, de vivre dans mon corps ce passage vers la vie. 
Je n'imaginais pas que ce serait un parcours de combattante... 
Nous nous installions dans les Antilles et j'étais à 20 semaines de grossesse, certaine que, dans ce lieu au coeur de la nature, je pourrais accoucher naturellement; plus je rencontrais des médecins, plus je les questionnais et moins ils me répondaient. Ils me traitaient avec un air compatissant et me disaient: 
«Arrêtez de vous tracasser, on va faire ce qui est le mieux pour vous». Mais AUCUN ne répondait clairement à ma question : «puis je accoucher naturellement?». Jamais. Ils  m'ont infantilisée. Ils m'ont fait peur. Eux avaient peur que j'accouche seule et m'appelaient à la maison pour me parler des risques de l'Avac. Ils ont aussi fait des pressions sur la sage femme que je voyais pour me préparer. Et elle a fini par refuser de me voir, inquiète des conséquences possibles pour elle et son bureau.
Je cherchais désespérément de l'aide pour accoucher naturellement et toutes les portes se refermaient. Personne ne comprenait ce besoin viscéral de donner naissance à mon enfant. Personne n'a cherché à comprendre. 
Soit je cédais à la panique et suivais le courant, soit j'allais au  bout de ma confiance.
Comment expliquer à des médecins et infirmières cette force que je sentais, cette formidable confiance en mes capacités d'accoucher avec un bébé qui allait très bien et un corps en pleine santé?
Je me promenais entre le doute et la confiance. Entre la peur et la confiance. 
Et je choisis finalement la confiance, soutenue inconditionnellement par mon conjoint. Bien sûr, on m'a traitée de folle inconsciente... Je n'avais pas d'arguments scientifiques à amener et je pouvais juste transmettre ce que je sentais au plus profond de moi, notamment ce lien, cette connexion très forte avec mon enfant. 

Et j'ai la conviction que ce terrain de confiance a un impact sur le déroulement d'une naissance. 
Cet accouchement a été une initiation et une révélation de ce qu'est la naissance d'un enfant. Je sentais mon bébé à tous moments, je savais quoi faire et surtout je réalisais mon rôle de femme dans l'accouchement: me détendre, ouvrir, respirer et surtout accompagner.
J'ai tout de même flanché au moment où beaucoup de femmes doutent et ont besoin d'être rassurées, juste avant les poussées, juste avant la séparation d'avec l'enfant. Nous avons alors appelé un médecin qui n'avait jamais vu une femme accoucher debout et qui a pâli ...Il a appelé l'hôpital et après la naissance, sous la menace de me retirer mon bébé, on m'a emmenée de force à l'hôpital. Une plainte était déposée au palais de justice et ils avaient le droit de me retirer mon bébé.
 Et là j'ai vécu, sous le couvert du pouvoir médical, des violences que je n'oublierais jamais: pas d'eau et pas de couverture la nuit, pas de possibilité d'être lavée alors que je venais d'accoucher... je n'avais pas amené mon savon et eux n'en avaient pas! Lorsque je refusais que l'on emmène mon bébé la nuit pour lui donner un biberon, l'infirmière me dit: «les femmes comme vous, on les connait, vous ne tiendrez pas longtemps». Le lendemain matin, en attendant que mon conjoint m'apporte le fameux savon et des bouteilles d'eau, je recevais la visite d'un psychiatre qui devait évaluer mon état mental. Voici sa réponse après que je lui ai expliqué ce que je subissais depuis la veille: «madame, il faut les comprendre ...». 
La seule personne humaine que je rencontrais fut le pédiatre. Il me dit en souriant: «ne vous inquiétez pas, rentrez chez vous , tout va bien, votre bébé est en pleine santé». Je dois préciser que lorsque je suis arrivée à l'hôpital, personne ne me parlait , ils m'ont pris mon bébé et lui ont donné l'injection de vitamine k, l'ont lavé sans jamais répondre à la question que je répétais sans cesse: «où est mon bébé que j'entends pleurer. Qu'est ce que vous lui faites?». Personne ne m'a jamais répondu.
Cette expérience à la fois magique et extrêmement difficile a créé le sillon de mon implication auprès des femmes. Je comprends une femme qui désire un Avac plus que tout. Je ressens la violence qui est encore parfois faites aux femmes dans les salles d'accouchement. 
Surtout, je vois la difficulté de reconnaître ce qui est si important dans un accouchement : l'état intérieur de la femme qui donne la vie, son environnement, son lien avec l'enfant, ses doutes, ses angoisses... Puisse la médecine regarder ces facteurs et leurs effets sur les hormones de l'accouchement, sur le coeur foetal, sur les hémorragies...
Je n'ai jamais encouragée une femme à accoucher seule. Il est très difficile de faire ce chemin d'écoute de soi, de ce qui est le plus juste. Si j'avais senti que la césarienne était la meilleure option, je l'aurais choisie. Accoucher n'est pas un défi mais un accompagnement conscient de l'enfant.


Notes:

(1) AVAC: Accouchement Vaginal Après Césarienne
(2) AMPRO: Approche Multidisciplinaire en Prévention des Risques Obstétricaux



mardi 7 décembre 2010

Michel Odent, médecin-sage-femme.

J'ai connu Dr Michel Odent il y a presque 20 ans en lisant un livre écrit par les usagers de Pithiviers, des parents qui avaient eu accès aux services de la maternité de ce petit hôpital proche de Paris dans les années 60-70. A travers les témoignages des couples qui racontaient leur expérience de la naissance de leur enfant, je découvrais cet homme qui révolutionnait la pratique obstétricale. 
En 2010, il est toujours l'idole des parents qui ont lu ses livres, des sages femmes, des accompagnantes à la naissance (et ce à travers le monde) mais il reste un inconnu pour les infirmières d'obstétrique, les médecins et gynécologues. 
Il a pourtant un parcours extraordinaire: chirurgien, il se voit offrir la charge de la maternité de l'hôpital où il travaille car il n'y a personne pour s'en occuper. Cet homme va transformer sa pratique en voyant les femmes accoucher: il comprend rapidement ce qui favorise une naissance et ce qui lui nuit et ose des changements drastiques. 
Il installe des piscines dans les salles de naissance et des matelas par terre au lieu des lits d'accouchement. Il comprend les bienfaits de l'eau, l'importance de l'intimité et de ne pas imposer de limite de temps.
Lorsqu'on visionne des films tournés à Pithiviers dans les années 70, on voit Dr Odent toujours en retrait, observateur discret de l'accouchement. Il avait, d'instinct,  l'humilité de ne pas déranger une femme qui accouche et de ne pas s'attribuer le pouvoir de savoir et d'intervenir lorsque ça n'était pas vraiment nécessaire. 
Il laissait la sage femme, femme d'expérience, auprès de la mère car il expliquait qu'une femme qui a vécu un ou des accouchements sait mieux que lui comment accompagner une femme en travail.
Le taux de césarienne à Pithiviers se situait autour de 5%  et, en Europe, les femmes prenaient l'avion pour venir y accoucher!
Il a fondé par la suite le «Primal Health Research Center» à Londres qui centralise les études concernant la période autour de la naissance.
Il est l'auteur du premier article publié dans la littérature médicale sur les piscines d'accouchement (Lancet 1983) et du premier article sur l'initiation de l'allaitement dans l'heure qui suit la naissance. Il a créé la banque de données de «recherche en santé primale» [www.primalhealthresearch.com] et le site internet [www.wombecology.com] pour présenter l'écologie périnatale comme la forme la plus vitale d'écologie humaine.
Il avait eu la gentillesse de m'écrire un petit mot pour mon livre «La maternité au féminin», dans lequel je raconte  mon histoire, un AVAC à la maison il y a 15 ans qui m'a permis de comprendre ce que peut apporter   à une femme un accouchement vécu dans la confiance, le senti et non dans la peur et l'impuissance. Comment donner naissance peut transformer une femme. 
Pour lui, les expertes de l'accouchement sont sans aucun doute les femmes. 

Je me réjouis de de sa visite à Montréal en mai 2011 et j'espère que de nombreux médecins obstétriciens, gynécologues et infirmières viendront l'écouter et se nourrir de son expérience et de son regard sur la maternité. Je pense que l'on doit réfléchir à différentes stratégies  pour améliorer la situation des accouchements en milieu hospitalier, favoriser l'expérience des femmes et diminuer les interventions.

Il animera une conférence le lundi 16 mai 2011: «La naissance: de la physiologie à la pratique». 
L'atelier du mardi 17 mai 2011 portera sur le thème «Vie foetale, naissance et santé».

Cet homme est généreux, bienveillant et humble. Je le remercie du fond du coeur de passer par Montréal nous rencontrer. Je sais aussi que de nombreuses personnes  sont aussi impatientes que moi de sa venue.

Les formulaires d'inscriptions sont disponibles sur ma page sur le site de Pleine Lune www.centrepleinelune.com




Quelques titres du Dr Michel Odent:

«Bien naître» Le Seuil 1976.
«Votre bébé est le plus beau des mammifères» Albin Michel 1990
«L’amour scientifié» Jouvence  1999
«Césariennes, effets et enjeux» Le Souffle d’or 2005
«Fonctions des orgasmes» Jouvence 2010










samedi 27 novembre 2010

Retour sur Enfanter le Monde

Je rentre de Québec où, pendant 2 jours, nous avons enfanter un monde nouveau. Plus de 700 participants ont répondu à l'appel! Deux journées de conférences, ateliers, échanges autour de la naissance, des pratiques obstétricales dans notre société, de la pratique sage femme, du devenir parent, de l'allaitement. 
Des projets avant gardistes, des études revues et corrigées par des chercheurs...beaucoup de gens passionnés et investis totalement dans leur travail. C'est certainement ce qui m'a le plus touchée: avoir le privilège de rencontrer des personnes qui participent activement au mouvement d'humanisation de la naissance. Des chercheurs qui questionnent, qui sont conscients de l'impact des interventions sur la santé des mères et des bébés, des médecins, des sage femmes, des infirmières qui prennent des risques, qui prennent position dans leur milieu, qui refusent d'être menés par le peur. 
Ma tête et mon coeur ont été remplis de cette humanité. 
Il est très rare en effet d'avoir l’opportunité d'assister à un congrès multidisciplinaire d'envergure internationale, ici, au Québec. Des chercheurs, des médecins et des sages femmes d'ici et d'ailleurs (Canada, Etats-Unis, France) ont partagé leurs recherches, leur expertise, leur pratique quotidienne, leurs valeurs. Des infirmières, des psychologues, des consultantes en allaitement, des sages femmes, des médecins, des pharmaciens, des scientifiques, des travailleurs sociaux (et j'en oublie certainement!) ont animé différents ateliers. J'ai eu le privilège de faire une communication orale sur le sujet que me passionne : «comment favoriser la physiologie dans les salles de naissance».
Nous avons assisté à une conférence du Dr Goffinet, médecin obstétricien gynécologue de la maternité Port-Royal de l'hôpital Cochin de Paris qui m'a fait beaucoup de bien. Nous vivons dans un climat de peur, de risque en obstétrique et cet homme nous a parlé de sa pratique par rapport à l'accouchement des bébés qui se présentent par le siège. Actuellement, au Québec, tous les bébés en siège naissent par césarienne. Il a questionné les résultats de la fameuse étude de Mary Hannah parue dans The Lancet en 2000 car elle a entrainé l'arrêt quasi systématique de tous les accouchements de bébés en siège par voie basse et donc l'augmentation des césariennes. Sa pratique ainsi que celle d'autres maternités en France ne correspondaient pas aux pratiques décrites dans l'essai. Il a décidé d'aller plus loin, de développer sa propre étude (étude premoda  de grande envergure auprès de plus de 8000 femmes en France et Belgique) pour comparer les résultats entre la morbidité d'un accouchement par le siège et celle de la césarienne, selon les réelles pratiques hospitalières. Les résultats ont été très différents de ceux de l'essai de M. Hannah: les risques sont apparus très similaires que le bébé naisse par voie basse ou par césarienne. 
Cette rencontre avec ce chercheur a été très stimulante et rassurante. Il a encouragé nos médecins à se former pour les accouchements de bébés en siège.

Nous avons bien sûr pu écouter les sages femmes, qui parlent du sacré de la naissance, qui ont une pratique axée sur la physiologie, l'écoute de la femme, de ses besoins, de ses émotions. Nous avons eu une magnifique rencontre avec des anesthésistes qui n'ont pas minimisé les impacts de l'épidurale, qui ont recommandé d'éviter les épidurales avant 4-5 centimètres de dilatation du col à cause du risque accru de césarienne. Dr Bolduc a constaté l'importance des épidurales dans une société où l'accouchement et sa douleur ont perdu leur sens: ainsi la porte est ouverte aux multiples interventions pour ne rien sentir, pour que ça aille vite.

 Nous avons entendu les infirmières et omnipraticiens qui cherchent à transformer leur pratique mais qui manquent de personnel, qui n'ont pas de bugdet pour les formations etc. Nous avons constaté la lenteur des changements recommandés en milieu hospitalier: passer par exemple du monitoring foetal continu à l'écoute intermittente du coeur foetal car elle diminue les risques pour la mère en favorisant sa mobilité. Mais de nombreux hôpitaux continuent de monitorer les femmes en continu pendant les accouchements...

Je ne peux résumer 2 jours entiers de transmission de savoirs et de réflexions mais je peux remercier la conscience et l'intelligence des professionnels et chercheurs qui étaient présents.





samedi 20 novembre 2010

La voix de nos enfants

 Après avoir écouté cet extrait du discours de Severn Suzuki au sommet de la Terre à Rio en 1992, j'ai été très touchée par sa conscience, sa capacité de dire clairement aux adultes ce qu'elle vit, sa réflexion, son analyse  de la situation planétaire.



Elle m'a émue car elle me révèle une fois de plus l'importance d'écouter les jeunes et leur conscience (que  nous, adultes, pouvons facilement ne plus écouter). Leur capacité de ressentir, de rechercher la vérité est intacte. Trop souvent, nous les faisons taire pour qu'ils NOUS écoutent. 
Mes enfants m'ont appris à LES écouter. Je suis très reconnaissante car je me suis transformée grâce à eux. J'ai changé mon regard, mes habitudes sur de nombreux sujets, sur la notion de «normalité» entre autres. Ils m'ont ramenée à l'essentiel, à la vraie vie, à la conscience.
Dans notre société, on nivelle, on veut que nos enfants soient DANS les rangs (tout comme les adultes) et si l'un d'eux a un comportement moindrement dérangeant, on lui donne une pilule. 

Ma fille m'a transmis des études qu'elle lit pour son cours à l'université. En voici un court extrait:
«Il existe une symétrie déconcertante entre le Prozac et la Ritaline. Le premier est prescrit pour les femmes déprimées manquant d'estime de soi : il leur donne davantage de sentiment du mâle alpha qui accompagne les hauts niveaux de sérotonine. La Ritaline, de son côté, est largement administrée aux jeunes garçons qui ne veulent pas rester tranquilles en classe, parce que la nature ne les a jamais programmées à cette fin. D'un côté comme de l'autre, les deux sexes sont ainsi orientés vers une personnalité androgyne moyenne, satisfaite d'elle-même et socialement conciliante c'est-à-dire le courant "politiquement correct" de la société américaine moyenne.» (1)
 Nous pouvons aussi faire demi-tour (comme je le suggérais la semaine dernière), nous remettre à l'écoute de nos enfants.  Profitons de la présence d'un enfant différent, semblant plus exigeant, rebelle, ne rentrant pas dans le moule...Il va nous amener à l'essentiel:  passer du temps avec, faire des choix adéquats pour lui, arrêter de courrir et de manquer son enfance ou son adolescence. 
Surtout, il va nous montrer que la norme n'existe pas. On a à réapprendre à accueillir nos enfants, les ÉCOUTER,  les reconnaître dans leur spécificité. 

Et alors, la rencontre est belle, pleine d'amour et de partage.

Jean Paul Naud, réalisateur, vient de sortir le film: «Severn, la voix de nos enfants». 
On va retrouver Severn à 29 ans, enceinte. http://www.severn-lefilm.com/bande_annonce.html



(1)Francis Fukuyama, La fin de l'homme Les conséquences de la révolution biotechnique, Paris, Gallimard, 2004 p. 101-102.
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Référence : «Médicaments et performance humaine, thérapie ou dopage» Joël Monzée, docteur en neurosciences et professeur associé au département de pédiatrie de l'université de Sherbrooke, chercheur et fondateur de L'institut du développement de l'enfant et de la famille. (lien sur le blog)

samedi 13 novembre 2010

Vivre et revivre

Chaque fois que je parle de ce qu'une femme vit en accouchant, je réalise que cette expérience porte toutes les expériences. Accoucher, c'est accueillir son enfant inconditionnellement, c'est s'ouvrir à l'amour; c'est lâcher prise, vivre le moment présent, arrêter de penser, de vouloir...sinon, les processus s'arrêtent. On ne peut pas se mentir car si la tête cherche à contrôler, si le mental s'active, la douleur augmente et parfois les contractions s'arrêtent. Il faut une intervention extérieure à moins de lâcher prise.

 Jamais on ne m'avait dit que j'avais la possibilité de me transformer à ce point, d'être initiée en accouchant si je me permettais de vivre ce moment totalement dans le présent, unie à mon enfant, sans me laisser perturber par  mon environnement. C'est plus puissant que n'importe quel atelier de développement personnel!

Et puis il y a la maladie qui peut aussi nous amener dans cet espace. Si on accepte de vivre la maladie avec ce qu'elle a à nous apprendre, je crois qu'elle aura alors un grand pouvoir transformateur. Guy Corneau, dans son dernier livre «Revivre», nous transmet son vécu avec le cancer. Même si en apparence, il était comblé par la réussite, il avait besoin de redonner de la place à sa vraie passion. Besoin de s'écouter, de vivre certaines expériences pour lui, sans chercher à plaire.Ce qu'il a fait à partir de sa maladie.

Et je regarde ma mère, opérée pour un cancer ce printemps qui s'est transformée sous nos yeux: lumineuse, profitant de chaque moment, refusant dorénavant tout stress inutile, guidant tout son petit monde vers la VIE, vers la joie de chaque instant, vers l'amour qui nous unit.
Elle a décidé de s'écouter, de méditer, de choisir son alimentation, d'avoir des thérapeutes qui la suivent dans ses choix et qui ne la jugent pas. Elle a refusé de se laisser avoir par le Peur. Elle est radieuse, en pleine forme et vit chaque instant dans la joie d'être là tout simplement.

S'écouter, vivre ce qu'on a à vivre sans savoir où l'expérience va nous mener. 

Les femmes qui plongent dans leur accouchement sans attente n'ont aucune certitude car elles ont compris que c'est le vécu de l'expérience, unies à leur enfant qui est important. 

Ma mère n'a aucune certitude non plus, mais elle sourit à la vie. 



Références
Guy Corneau, Revivre, Les Éditions de L'Homme, 2010
Isabelle Challut, La maternité au féminin, Éditions L'Instant Présent, 2007

samedi 6 novembre 2010

Faire demi- tour

J'ai décidé il y a quelques années d'accompagner les femmes qui accouchent en milieu hospitalier pour les aider, pour transformer leur expérience, leur expliquer leurs droits et travailler avec les équipes, amener des changements au niveau des mentalités et des pratiques...Infirmière depuis plus de 20 ans, ma carrière en milieu hospitalier a été  parsemée d'embûches et plutôt chaotique: j'ai travaillé en France, dans différentes régions, en Suisse puis au Québec. Entre temps je suis allée voir ce qui se passait en Polynésie et dans les Antilles...je n'ai pas trouvé le milieu de santé idéal, où je me sentais bien, à ma place, pouvant prendre le temps, travailler réellement au niveau de la santé et de façon globale. Mon expérience en Suisse fut la plus sereine mais ailleurs, le stress, la course au temps, la surcharge était généralisés. 

Me retrouver en milieu hospitalier pour des accompagnements, me demande toujours une adaptation. Parce que, comme infirmière, je me suis toujours questionnée sur nos pratiques médicales, sur les choix réels des patients ou des femmes qui accouchent. En vivant dans différents pays, j'ai aussi pu constater que chaque peuple a ses croyances et ses protocoles, très différents parfois. Ce qui est «normal» à l'est ou au sud, ne l'est pas forcément à l'ouest ou au nord. C'est intéressant de regarder nos comportements et nos choix de santé dans cette lorgnette  plus large. 

Pourtant je crois à l'ouverture de conscience et aux changements possible: c'est ce qui me pousse à continuer. Le milieu médical a un grand pouvoir et encore actuellement, la méconnaissance des processus physiologiques de base dans un accouchement, les multiples interventions jugées sans conséquences, l'environnement invasif et dérangeant continue de perturber les processus des accouchements.
Même si aucune étude internationale n'a pu prouver que l'accouchement en milieu hospitalier est plus sécuritaire que l'accouchement à domicile, nos spécialistes de l'obstétrique nord américains continuent d'affirmer le contraire. Les Pays Bas, eux,  ont choisi de «normaliser» l'accouchement à domicile avec plus de 30% des femmes suivies par des sages femmes et accouchant chez elles.
« les Pays-Bas ont le plus haut pourcentage de naissances à la maison parmi les pays développés », déclare Sjaak Toet, accoucheur à Rotterdam et président de l’association néerlandaise des sages-femmes (KNOV). Quelque 30% des Néerlandaises accouchent à domicile, 60% à l’hôpital, et les 10% restants dans des polycliniques spécialisées qu’elles quittent immédiatement après avoir accouché. (1)
Dr Michel Odent, chirurgien à l'hôpital Pihiviers en France, puis responsable de l'unité d'obstétrique dans cet hôpital, a transformé la pratique de l'obstétrique en introduisant les piscines d'accouchement dans les salles de naissance dès 1970. Il est l'auteur de 12 livres publiés en 22 langues et a fondé le Primal Health Center (2) à Londres. 
Il s'intéresse depuis toutes ces années à la période autour de la naissance et à l'impact des dérangements et interventions pendant l'accouchement et juste après la naissance. Il décrit dans ses livres l'importance de ne pas déranger une femme en travail et de ne pas perturber la rencontre entre la mère et son bébé naissant. C'est à l'heure actuelle, la période que l'on perturbe le plus en milieu hospitalier: les femmes sont coachées pour pousser, il y a beaucoup de monde dans la salle à ce moment là et lorsque le bébé naît, il y a toujours beaucoup d'excitation et de bruit. «Tout le monde se met à parler...ce sont les grandes causes d'hémorragie...pour moi, une hémorragie de la délivrance, c'est pratiquement toujours la conséquence d'une interférence inapropriée, on a distrait, on est intervenu...cela fait plus de 25 ans que je n'ai pas vu d'hémorragie de la délivrance; je n'ai jamais utilisé un seul médicament pour cela...» Michel Odent (3)

Il y a encore beaucoup d'enseignement à faire pour sortir de la peur et laisser  les femmes accoucher selon leurs réels besoins. Peut être que l'obstétrique a à faire demi-tour pour retrouver le bon chemin (suggestion du Dr Michel Odent dans le film «The Business Of Being Born»).

Méditons là dessus.

Nous aurons la joie de recevoir Dr Michel Odent à Montréal les 16 et 17 mai 2011 pour une conférence «La Naissance: de la physiologie à la pratique » et un atelier « Vie foetale, naissance et santé». Suivez les nouvelles de Pleine Lune à ce sujet.

Références:
(1) extrait du site [www.babyfrance.com¸]
(2) http://www.primalhealthresearch.com/
(3) extrait d'un entretien avec Dr Michel Odent paru dans le livre Intimes Naissances - la plage Éditeur - 2008

samedi 30 octobre 2010

Ô Féminin

J'ai envie de souligner et de fêter le Féminin cette semaine. Plus j'avance et plus je réalise que lorsque j'ai choisi le titre de mon livre il y a déjà quatre ans, il était totalement approprié et j'ai tenu à le garder malgré certaines réticences de mon entourage : «la maternité appartient aux femmes, les gens ne vont pas comprendre ton titre...». Finalement, je réalise l'importance de relier ces deux mots, Féminin et Maternité, dans une société dominée par des valeurs masculines jusque dans les salles d'accouchement.

Aujourd'hui, j'ai envie de prendre le temps de parler aux femmes, de leur beauté, leur puissance, leur fragilité, leur immense rôle dans notre société: porter les enfants, les accueillir consciemment, les nourrir physiquement, émotionnellement et spirituellement; les aimer inconditionnellement, les écouter, les guider vers leur pleine expression puis les laisser aller; je veux magnifier ces qualités que sont l'intuition, le senti, la vulnérabilité.

 Je veux faire la paix et retrouver l'importance des hormones féminines à tous les stades de notre vie: puberté, maternité, ménopause. Que l'on arrête de banaliser et de bloquer avec des médicaments ces hormones: les femmes sont médicamentées pour «maîtriser» leurs hormones tout au long de leur vie!

En accouchant, elles peuvent retrouver cette connexion profonde avec leur instinct, leur intuition, leur sagesse qui les guident vers des choix justes. On utilise  encore la  peur pour contrôler les femmes dans les salles de naissance...le doute s'installe alors; la perte de confiance s'insinue puis la souffrance prend toute la place. Comme dans la vie.

Aujourd'hui, j'ai envie d'envoyer un message d'espoir, un hymne à la joie d'être née Femme et à l'importance de prendre soin du Féminin en chacun de nous, Homme ou Femme: cette partie amoureuse, joyeuse, intuitive et forte qui siège en dedans de chaque être humain. Cette cellule, dont parle Eve Ensler, qui a été et est encore sacrifiée mais que nous pouvons protéger maintenant.


Lien vers une conférence de Eve Ensler (auteure des monologues du vagin) : http://www.lunasol.ca/lefacteur/link.php?M=3403&N=340&L=41



samedi 23 octobre 2010

Enfanter le Monde

Enfanter le monde: quel beau programme. On aurait pu dire aussi : Ré-enfanter le monde, se donner une deuxième chance...
Ce congrès qui aura lieu à Québec les 25 et 26 novembre offre «deux journées d'échanges dans le but de renforcer notre confiance dans la capacité de porter des enfants, de les mettre au monde, de les nourrir, physiquement, psychiquement et spirituellement».
Il est organisé par L'ASPQ (Association pour la Santé Publique du Québec) et différents partenaires et s'adresse à tous les intervenants de tous les réseaux de périnatalité.
La naissance et la période périnatale sont des moments cruciaux dans nos vies et l'impact de cette période dans le développement de chacun et des familles est majeur. Beaucoup de changements ont eu lieu ces 30 dernières années mais la situation de l'obstétrique est préoccupante à certains égards: les taux de certaines interventions sont en hausse: par exemple, le taux d'épidurale est de 68% au Québec. L'OMS  (Organisation Mondiale de la Santé) nous rappelle que les épidurales devraient être réservées pour les accouchements difficiles, longs et ne devraient pas être une routine car elles ont des effets secondaires non négligeables (par exemple: elles entrainent plus de césariennes, plus d'utilisation de ventouses et une diminution de la durée d'allaitement) . Le taux de césarienne est actuellement de 22% au Québec: le taux recommandé par l'OMS est inférieur à 15%. Selon l'OMS, au delà de ce pourcentage, des césariennes non nécessaires sont certainement pratiquées puisque la césarienne est une intervention d'urgence.  Là aussi, les risques sur la santé des femmes et des bébés sont augmentés par rapport à un accouchement naturel. 
Toutes ces questions sont soulevées et des pistes recherchées dans la nouvelle politique en périnatalité du Québec émise par le ministère en 2008.
Ce congrès est un cadeau pour la population et les professionnels, pour discuter, réfléchir, transformer nos pratiques et nos croyances.
Je serais présente pour une communication orale qui me réjouit beaucoup: «Comment favoriser la physiologie dans les salles de naissance. Pour les infirmières et les médecins». Je vais expliquer  les processus physiologiques d'un accouchement,  les facteurs environnementaux qui favorisent le déroulement de l'accouchement et ceux qui lui nuisent. Nous verrons ce qu'on peut facilement faire dans une salle de naissance: les positions pour la douleur, pour les poussées,  l'attitude des gens présents, la préservation de l'intimité, la diminution du stress...comment transformer l'ambiance d'une salle de naissance et l'impact que ces petits changements auront sur les naissances. C'est un sujet qui me tient très à coeur car nous avons vu les résultats dans notre pratique au Centre Pleine Lune. 
98% des femmes accouchent en milieu hospitalier et il est temps que les pratiques se transforment. Il y a une méconnaissance actuelle des processus de base à mettre en place pour diminuer certaines interventions.




Sites de référence: 
- programme du congrès et inscriptions: [www.enfanterlemonde.com]
- la politique en périnatalité 2008-2018 - Un  projet porteur de vie : [www.msss.gouv.qc.ca]

samedi 16 octobre 2010

La Maternité au Féminin

Pourquoi ce titre? C'est une question que l'on me pose très souvent. J'ai choisi ce titre parce que la maternité est devenue une spécialité médicale: l'obstétrique.
Parce que les examens et les protocoles y ont plus de place que le senti des femmes. Parce que les besoins réels des femmes qui accouchent ne sont pas toujours compris. Parce que je voulais exprimer cette évidence: la maternité appartient aux femmes.
Mais il est temps de se questionner sur ce qu'on a développé en obstétrique par souci de sécurité. On a créé un environnement peu propice à l'accouchement naturel, sans intimité et malheureusement avec beaucoup de stress.  Au contraire, chaque accouchement devrait être vécu selon les besoins de la femme et non selon les critères de l'équipe ou les protocoles trop rigides.

«Ce livre est l’histoire d'une femme, d'une mère. Mon histoire tout simplement. Pour célébrer la féminité et la maternité. Ceci est une piste pour trouver le chemin propre à chacune, chemin de l'équilibre et de la sagesse, de l'humilité et de l'amour. Pour retrouver la joie d’accueillir nos enfants, dans l’intensité et la puissance de la naissance, retrouver la joie de vivre, et choisir tout au long de notre vie ce qu’il y a de mieux pour eux, pour nous.

Je vais vous faire part d’une vision de la grossesse et de l’accouchement, basée sur la simplicité, la nature, la relation entre les parents et l’enfant qui arrive. Ce n’est pas une méthode, mais la proposition d’une voie d’autonomie, pour que les femmes puissent, dans leur existence, vivre ce passage qu’est la naissance d’un enfant comme une expérience riche et transformatrice, pour que les hommes puissent le vivre dans la présence et l’amour.

Une alimentation saine, certaines plantes alliées, l'écoute du corps, la communication entre conjoints et avec le bébé sont des facteurs favorisant un accouchement physiologique. Il est devenu complexe et dangereux d’accoucher dans les dernières décennies. Je vous propose de retrouver la nature réelle de l’accouchement et le caractère sacré de ce passage.

Je partage dans ce livre mes expériences d’infirmière, certaines rencontres déterminantes, des réflexions autour du sens de la douleur et de la maladie. J’ose croire en la rencontre des médecines, sans jugement mais dans le respect de l’être humain. De la naissance à la mort, à travers les épreuves que nous traversons, nous avons des choix à faire, en toute conscience en toute confiance.»

Je crois que les femmes et leur conjoint ont besoin actuellement de se préparer à la naissance en milieu hospitalier car ils ne savent pas à quoi s'attendre , connaissent mal leurs droits et les protocoles médicaux en vigueur
Les femmes, pour se réapproprier leur maternité, ont besoin d'être accompagnées pour mettre en place un environnement propice à leur accouchement.

Nous avons décidé d'offrir, à Pleine Lune , des journées de formation pour les infirmières et les médecins des salles d'accouchement pour qu'ils comprennent qu'on peut facilement s'adapter aux besoins d'une femme qui accouche et que les résultats sont percutants: diminution des interventions, de l'utilisation des narcotiques et des taux de césariennes; sentiment de réussuite des femmes, meilleur taux d'allaitement etc.


lundi 11 octobre 2010

Post partum

Après la soirée du 6 octobre au théâtre du Marais à Val Morin, qui a mobilisé mon énergie et mon temps pendant quelques semaines, je me retrouve un peu comme après un accouchement: heureuse et triste. Cette période post-accouchement, pendant laquelle les hormones nous jouent des tours, je la revis depuis quelques années lorsque j'accompagne des couples pour la naissance de leur enfant. Cette rencontre qu'ils me proposent dans l'intimité de leur accouchement me permet de revivre ce passage à chaque fois. Je vis la naissance à travers le corps d'une autre femme; je sens le travail, je perçois ce qui se passe, je vibre au diapason de cette mère, à l'écoute de ses besoins.
Cet enfant qui naît, que j'ai accompagné avec mon coeur, unie aux parents, me marque à jamais. C'est ainsi que je vis moi aussi cette période de post-partum, période de repos nécessaire, d'intégration de cette expérience et des émotions partagées.
Nathalie et moi avons porté la soirée du 6 pendant de longs mois; nous avons désiré ardemment cette rencontre entre le milieu médical de notre région et des parents, sages femmes et accompagnantes. Nous avons réussi, comme un accouchement vécu sereinement:  sans épidurale, car la douleur n'était pas au rendez-vous et sans arme, car la confrontation n'était pas au rendez-vous non plus dans la salle. Quelle joie! Le bonheur d'être réunis, de partager cette soirée semblait avoir effacé les mauvais souvenirs et les tensions.
Certaines femmes présentes avaient eu des accouchements traumatisants, d'autres avaient dû se battre ou n'avaient pas été entendues.
Mais ce soir là, les invités sur le panel ont partagé avec leur coeur, nous ont touchés, tout comme le film. Ainsi, l'espoir, le dialogue et la rencontre ont été les plus forts.
C'est une magnifique victoire.
Pour confirmer cette énergie de rencontre, Marie Provost, de la Clef des Champs, est venue pour partager sa propre victoire: la reconnaissance par Santé Canada de la majorité de ses produits d'herboristerie. 20 ans de travail, de perséverance, malgré les épreuves et les doutes.
Que ce soit pour les plantes ou pour les accouchements, nous sommes parvenus à nous écouter, à nous  reconnaître et à recréer un espace d'ouverture.
J'ai beaucoup d'espoir pour l'avenir.



 le panel de discussion, Nathalie, Isabelle et Marie Provost



statuette offerte par nos accompagnantes pour fêter nos 5 ans au Mouton Noir




mardi 28 septembre 2010

Croyances, rituels et normalité.



Les croyances autour de la naissance sont très nombreuses, différentes selon les cultures et sont à la base des rituels que chaque société installe autour de cet évènement. Avant les années 50, en Amérique du nord, il était normal d’accoucher à la maison avec une sage femme.

Par la suite, il est devenu normal d’accoucher à l’hôpital, endormie, installée sur le dos et d’avoir une épisiotomie. En 2010, au Québec, il est normal d’avoir une épidurale, de ne rien sentir pendant l’accouchement. Dans d’autres pays comme le Brésil, il est normal de choisir de donner naissance par césarienne. Ici, au Canada, on croit encore que la césarienne doit être réservée pour les urgences médicales.

Avec la médicalisation des accouchements, on croit souvent que les protocoles et façons de faire depuis plusieurs années ou décennies sont  ce qu’il y a de mieux  pour la santé des mères et des bébés. Le milieu médical affirme ses choix, parle de sécurité et d’études scientifiques. Le milieu dit alternatif  ou pro-naissance- naturelle tente de défendre les siens. Où se situe la justesse ? Qui a raison?

En fait, on constate que les croyances évoluent au fil du temps. Elles se transforment, modelées par les expériences et les analyses: il est normal dans les années 1960-70  d’accoucher sur le dos, les bras attachés, les pieds dans les étriers, les jambes ouvertes face à un médecin qui sait quoi faire.
Il est alors normal de donner un biberon au bébé : dans cette période de développement du féminisme, allaiter est vu bien souvent comme un asservissement, déformant les seins de surcroit ; les fabricants de lait affirment que le lait en poudre est aussi bon pour l’enfant que le lait maternel. Pourquoi s’en priver ? Au Québec, 11% des femmes allaitent en 1960 contre 85% en 2009 qui initient l’allaitement dès la naissance de l’enfant.

Toujours dans les années 60-70, on croit que l’on peut dominer la nature, transformer les naissances et ne plus subir l’accouchement et l’allaitement. Les femmes ont enfin  la possibilité d’envisager un accouchement sans souffrir ! Elles  pensent que le bonheur viendra non seulement avec  l’anesthésie, mais aussi avec le lait en bouteille qui permet aux mères de dormir et de laisser quelqu’un d’autre s’occuper de leur bébé tout en gardant leurs seins intacts…du moins l’espèrent-elles.

On a expérimenté, on a récolté des données et on s’est aperçu que certaines interventions avaient des conséquences non négligeables sur la santé des femmes et des bébés et sur le lien d’attachement.

On croyait que l’on pouvait éduquer un bébé, l’amener à dormir sans qu’il ait besoin de sa mère ou son père, le rendre autonome dès les premières semaines. On a appris à le  laisser pleurer 5 minutes, puis 10 minutes, puis 15 minutes, jusqu’à ce qu’il s’endorme. Est-il devenu autonome ou a t-il enregistré que ses parents ne viendraient pas et qu’il devait s’arranger seul ?

On croyait qu’un bébé avait simplement besoin d’être nourri et que n’importe qui pouvait le faire. On a alors séparé les bébés des mères dès la naissance, on les amenés dans une pouponnière avec des dizaines d’autres bébés et on les a nourris à heures fixes. On a dit que c’était bon pour leurs poumons de pleurer.

Des femmes n’étaient pas convaincues et ont voulu respecter leurs propres croyances : accoucher chez elles, à leur rythme, en choisissant leurs positions, puis en allaitant leur bébé, en dormant avec lui, en répondant à ses besoins. On les a parfois menacées ou jugées dangereuses, car elles mettaient, selon les croyances du milieu médical, leur bébé en danger, par exemple en dormant avec lui.

Beaucoup d’études ont été réalisées depuis cinquante ans et les croyances changent.

Il est maintenant presque normal d’accoucher selon ses valeurs, de choisir la position la plus confortable, de favoriser les sécrétions hormonales qui permettent l’accouchement, l’allaitement et l’attachement : on en parle de plus en plus.

Il est maintenant normal de garder le bébé en « peau à peau » le plus longtemps possible après la naissance, de l’allaiter à la demande, de répondre à ses besoins, de le toucher, de le rassurer, de l’aimer ouvertement avec tous ses sens. Il est normal que le couple cohabite à l’Hôpital avec le bébé, qu’ils dorment côte à côte, qu’ils portent le bébé, qu’ils ne le laissent pas pleurer pour rien.

Les professionnels restent malgré tout les experts : dès que l’accouchement ou l’allaitement ne se déroulent pas dans le temps ou selon la séquence connue et dite normale, la mère doit s’adapter en laissant les professionnels agir et choisir leurs interventions au nom de la sécurité.

Les femmes se sont fait dire depuis très longtemps, par des experts, comment être enceintes, comment accoucher, comment élever leurs enfants, comment les nourrir, etc.

Selon le milieu obstétrical, la normalité d’un accouchement ne se confirme qu’à postériori. On considère l’accouchement potentiellement dangereux tant que le bébé n’est pas né.

Inconsciemment, les femmes ont commencé à accepter un système de croyances qui les fait souvent douter de leurs capacités biologiques à donner naissance, à allaiter et à faire les bons choix pour leurs enfants. Elles ont perdu cette conviction qu’elles restent les seules véritables expertes de leurs enfants et peuvent se faire confiance.

Pourtant, intuitivement, elles savent comment faire. En tant qu’être humain et au-delà des croyances et des valeurs, nous avons intérêt à  développer cette écoute individuelle qui permet d’accompagner chaque femme vers son devenir-mère, chaque homme vers son devenir-père et chaque bébé vers sa vie extra utérine.

jeudi 23 septembre 2010

Les évènements qui m'inspirent en ce soir de pleine lune.

Je vous ai parlé le 14 septembre de l'évènement que nous organisons, à Pleine Lune, le 6 octobre au théâtre du Marais : la projection du film «The Business Of Being Born» qui sera suivie d'une discussion sur le thème «La naissance dans notre société» avec un panel de professionnels et de parents.
Nous pensons à cette soirée depuis très longtemps et elle s'annonce très riche. Enfin, nous pouvons réunir dans une même salle de notre région, des spécialistes de la naissance de milieux différents: médecins, sages femmes, accompagnantes, parents et infirmières. Et ils sont tous heureux d'être là. Quoi demander de plus! L'objectif est que chacun puisse partager ses expériences, ses choix, ses études, ses convictions et que tout le monde puisse s'écouter et apprenne à se connaître.
J'ai très hâte à cette soirée. Elle arrive à point dans le développement de Pleine Lune et de nos 5 premières années. Il est très important que l'on comprenne mieux la réalité d'un accouchement et l'influence de l'environnement immédiat sur la femme en travail.

Il y a un autre évènement très important dans le monde de la périnatalité, les 25 et 26 novembre à Québec : le congrès «Enfanter le monde»  http://www.enfanterlemonde.com/a_propos_enfanter_le_monde.aspx
Des conférenciers d'envergure internationale seront présents et de nombreux ateliers et présentations permettront d'actualiser nos connaissances et aussi de réfléchir sur les besoins des femmes et des familles dans la période périnatale en 2010. Trois grands thèmes seront développés: l'accouchement physiologique, l'allaitement et le devenir parents.

Ceux qui me connaissent savent que mon thème à moi est l'accouchement physiologique.  Comment le faciliter en milieu hospitalier:98% des femmes accouchent à l'hôpital; 2% ont accès à une sage femme pour accoucher en maison de naissance ou à domicile.

Les infirmières et médecins sont formés pour surveiller, intervenir au besoin et surtout anticiper d'éventuels problèmes. Ils sont  souvent inconfortables avec l'accouchement physiologique et tout ce qui vient avec:  les positions pour la douleur qui changent fréquemment, les sons plus ou moins supportables qui sont émis, le bain qu'elles ne veulent plus quitter, les émotions qui surviennent, les postures impossibles pour accoucher, la durée de cet accouchement qui est incontrôlable, etc.

Dans la politique en périnatalité émise par le gouvernemnt du Québec en 2008, on peut lire ceci:
« Donner naissance est une expérience naturelle, un processus normal. Toutefois, dans une société animée par la volonté de contrôler tout risque potentiel, il faut rappeler cette nécessité de protéger le processus physiologique naturel de la naissance. Cela exige que l’on mette en place des environnements propices et que l’on conjugue les efforts autour de cette conviction. Cela implique aussi que l’on respecte la personnalité de chaque femme, ses particularités, son rythme, son intimité.» (Politique de périnatalité 2008-2018, un projet porteur de vie. Gouvernement du Québec, 2008 p.9)

On y constate aussi l'évolution des interventions en obstétrique (césarienne, épidurale, induction) avec un descriptif des effets secondaires possibles. «Nous devons sans cesse poser un regard critique sur l'utilisation des différentes interventions obstétricales, ainsi que des études précisant dans quels cas elles sont indiquées et quelles sont leurs conséquences possibles, particulièrement à long terme, sont nécessaires. Ces mesures doivent permettre la formulation et la diffusion de recommandations, par les instances professionnelles visées en vue de proposer des pratiques cliniques appropriées»(Politique de périnatalité 2008-2018, un projet porteur de vie. Gouvernement du Québec, 2008 p.51).

Cette politique ouvre la porte à une grande réflexion de nos choix en matière d'accouchement et de leurs impacts sur la santé des femmes et des enfants.

Je suis invitée au congrès  pour une présentation auprès d'infirmìères et de médecins: «Comment favoriser la physiologie des accouchements dans les salles de naissance.» Je vais partager mon expérience d'infirmière et d'accompagnante pour transmettre que de petits changements dans les salles de naissance peuvent transformer radicalement l'expérience des femmes.

Donc c'est un automne très stimulant qui débute, très inspirant et très prometteur pour les femmes qui enfantent.

vendredi 17 septembre 2010

La transmission de l'expérience des mères.

Lorsque je demande à un groupe de futurs parents comment ils se sentent par rapport à l'accouchement qui arrive, la réponse la plus courante des femmes est: «J'ai peur de la douleur, j'ai peur de ne pas être capable, ne pas être à la hauteur».

 Les histoires d'accouchement qui circulent le plus sont des histoires souvent dramatiques.

Pourquoi les femmes qui ont un vécu d'accouchement facile, sans intervention en parlent-elles moins?

Parce-que c'est presque indécent de dire qu'elles ont aimé accoucher, qu'elles ont eu du plaisir à le vivre, qu'elles ont transcendé cette fameuse douleur ou que l'expérience vécue  avec leur conjoint et leur bébé fut  simplement ex.tra.or.di.nai.re! Là on va les regarder soit comme des extra-terrestres, soit comme des presque-folles-illuminées!

Comment expliquer et  justifier l'absence d'intervention lorsque la norme est la douleur et l'épidurale la seule solution?  Malheureusement, les effets secondaires de cette dernière sont souvent méconnus des parents  (diminution des contractions, souffrance foetale, fièvre etc.) tout comme le cortège d'interventions qui  peut en découler.

Nous sommes aussi dans une société de performance ou la notion de réussir son accouchement est souvent présente. Au fond, qu'est-ce-que signifie «réussir son accouchement?»

Plus les femmes qui ont eu une expérience positive vont en parler,  plus les croyances et attentes irréalistes disparaitront. On reviendra à un échange de femmes sur une réalité concrète qui leur appartient; cette confiance retrouvée permettra d'éliminer la peur qui mine les accouchements.

 Actuellement, peu de mères transmettent leur vécu  à leur fille en âge d'accoucher, car elles ont souvent donné naissance sous anesthésie ou ont vécu une expérience traumatisante qu'elles préfèrent ne pas partager pour ne pas faire peur à leur fille.

Il faut que les femmes qui ont des expériences positives, qui ont été bien accompagnées, qui ont choisi de sentir dans leur corps le passage de leur bébé témoignent de leur vécu pour démystifier l'accouchement-expérience-traumatisante.

Accoucher c'est aller vers l'inconnu, au-delà de toute planification et contrôle; c'est oser prendre le temps d'accueillir un bébé; c'est vivre ce qui se présente en prenant les décisions au fur et à mesure et c'est surtout aimer cette journée là et tout ce qu'elle nous fait vivre...sans attente, sans recherche de performance.

Je lance un appel à tous:  je recueille des témoignages de parents (regards de mères et regards de pères) qui sont prêts à mettre par écrit leur expérience de naissance d'un ou plusieurs enfants. Je suis intéressée par toutes les expériences et pas seulement les accouchements «faciles»; c'est votre vécu de parents qui est important: comment avez-vous vécu une césarienne? Comment avez-vous vécu une naissance prématurée? ...
Ces témoignages pourront éclairer des futurs parents et les aider dans leur préparation en enlevant une couche de stress et de solitude devant l'inconnu.

J'espère que vous serez nombreux et nombreuses à partager votre expérience car cette transmission manque dans notre société. Vous pouvez faire suivre vos témoignages à info@centrepleinelune.com à Isabelle avec vos coordonnées et une autorisation de publication écrite.

MERCI!!!!!

mardi 14 septembre 2010

The Business Of Being Born

Depuis quelques semaines, avec Nathalie, nous travaillons à la préparation d'une soirée bénéfice au profit d'un groupe d'entraide en allaitement des laurentides. C'est notre évènement de l'automne qui aura lieu le mercredi 6 octobre au théâtre du marais à Val Morin à 19h. http://www.theatredumarais.com/
Nous allons projeter le film américain «The Business of Being Born» http://www.thebusinessofbeingborn.com/
qui sera sous titré en français pour la première fois. C'est un film qui nous montre la situation des accouchements dans notre société occidentale et tout ce qui s'est développé autour : la médicalisation et l'argent généré, qui en bénéficie vraiment? Le film nous montre des femmes qui accouchent dans la douceur de leur foyer, mais aussi des images très dures d'accouchements au début de la médicalisation.
 Plusieurs médecins et sages femmes interviennent tout au long du documentaire. C'est un film très percutant, très important à voir par les futurs parents et les professionnels des unités d'obstétrique.
Après la projection aura lieu un débat qui réunit autour de la table des spécialistes de la naissance: parents -médecin - sage femme- accompagnante à la naissance - infirmière d'obstétrique -
Nous sommes vraiment très fières de cette soirée qui permet de réunir des parents, des professionnels, des accompagnantes, pour partager leurs points de vue et leurs connaissances autour d'une même table.

Nous avons reçu une aide précieuse pour que cet évènement ait lieu. Je remercie, entre autres, Célia et Jean François qui ont assuré la traduction et les sous titrages du film ainsi que la création de l'affiche.http://www.agencenerd.com/. Ces parents de 3 jeunes enfants ont été extraordinaires par leur implication.

Tout ça pour dire que j'ai très hâte à cette soirée: elle concrétise 5 ans de recherche et de travail pour informer les femmes et idéalement transformer les conditions des accouchements dans notre société...(rien que ça!)

Et oui,  Pleine Lune fête ses 5 ans en octobre 2010!  Nous avons vécu toutes sortes d'aventures, souvent belles et stimulantes, parfois souffrantes et désespérantes...mais finalement toujours propulsantes! hum! hum! Ça ressemble fort à la maternité!

J'espère que vous serez nombreux à venir le 6 : la naissance des enfants nous concerne tous; les conditions dans lesquelles ils arrivent et ce que vivent les femmes en accouchant doit être mieux connu et transformé: il n'est plus acceptable qu'une femme soit traumatisée en accouchant en 2010. Toutes devraient être accompagnées de façon à accueillir leur enfant dans la paix et la joie et non dans la peur, la souffrance ou la solitude.

lundi 13 septembre 2010

Ça y est , je suis prête!

Je suis très heureuse de démarrer enfin ce blog et de pouvoir vous tenir au courant de tout ce qui se passe à Pleine Lune. J'espère que vous, parents, professionnels et humains,  profiterez aussi de cet espace de partage autour de la naissance et de l'arrivée d'un enfant.

Je vous reviens très bientôt avec plein de nouvelles!