La maternité, une aventure extraordinaire...


J'ai consacré de nombreuses années à tenter de mieux comprendre le passage de la naissance. J'ai préparé et accompagné de nombreux couples pour la naissance de leur enfant.
Peu à peu, j'ai élargi ma réflexion au vécu des femmes au cours de leurs différents passages: puberté, âge adulte, maternité, ménopause. Il est très intéressant pour les femmes de mieux comprendre ces passages de vie transformateurs et la puissance des hormones qui interagissent au cours des cycles.

Il y a eu la naissance du Centre Pleine Lune il y a déjà plus de 5 ans puis l'émergence tranquille de Ô Féminin, espace de rencontre avec la force du Féminin.

Isabelle Challut






mardi 28 septembre 2010

Croyances, rituels et normalité.



Les croyances autour de la naissance sont très nombreuses, différentes selon les cultures et sont à la base des rituels que chaque société installe autour de cet évènement. Avant les années 50, en Amérique du nord, il était normal d’accoucher à la maison avec une sage femme.

Par la suite, il est devenu normal d’accoucher à l’hôpital, endormie, installée sur le dos et d’avoir une épisiotomie. En 2010, au Québec, il est normal d’avoir une épidurale, de ne rien sentir pendant l’accouchement. Dans d’autres pays comme le Brésil, il est normal de choisir de donner naissance par césarienne. Ici, au Canada, on croit encore que la césarienne doit être réservée pour les urgences médicales.

Avec la médicalisation des accouchements, on croit souvent que les protocoles et façons de faire depuis plusieurs années ou décennies sont  ce qu’il y a de mieux  pour la santé des mères et des bébés. Le milieu médical affirme ses choix, parle de sécurité et d’études scientifiques. Le milieu dit alternatif  ou pro-naissance- naturelle tente de défendre les siens. Où se situe la justesse ? Qui a raison?

En fait, on constate que les croyances évoluent au fil du temps. Elles se transforment, modelées par les expériences et les analyses: il est normal dans les années 1960-70  d’accoucher sur le dos, les bras attachés, les pieds dans les étriers, les jambes ouvertes face à un médecin qui sait quoi faire.
Il est alors normal de donner un biberon au bébé : dans cette période de développement du féminisme, allaiter est vu bien souvent comme un asservissement, déformant les seins de surcroit ; les fabricants de lait affirment que le lait en poudre est aussi bon pour l’enfant que le lait maternel. Pourquoi s’en priver ? Au Québec, 11% des femmes allaitent en 1960 contre 85% en 2009 qui initient l’allaitement dès la naissance de l’enfant.

Toujours dans les années 60-70, on croit que l’on peut dominer la nature, transformer les naissances et ne plus subir l’accouchement et l’allaitement. Les femmes ont enfin  la possibilité d’envisager un accouchement sans souffrir ! Elles  pensent que le bonheur viendra non seulement avec  l’anesthésie, mais aussi avec le lait en bouteille qui permet aux mères de dormir et de laisser quelqu’un d’autre s’occuper de leur bébé tout en gardant leurs seins intacts…du moins l’espèrent-elles.

On a expérimenté, on a récolté des données et on s’est aperçu que certaines interventions avaient des conséquences non négligeables sur la santé des femmes et des bébés et sur le lien d’attachement.

On croyait que l’on pouvait éduquer un bébé, l’amener à dormir sans qu’il ait besoin de sa mère ou son père, le rendre autonome dès les premières semaines. On a appris à le  laisser pleurer 5 minutes, puis 10 minutes, puis 15 minutes, jusqu’à ce qu’il s’endorme. Est-il devenu autonome ou a t-il enregistré que ses parents ne viendraient pas et qu’il devait s’arranger seul ?

On croyait qu’un bébé avait simplement besoin d’être nourri et que n’importe qui pouvait le faire. On a alors séparé les bébés des mères dès la naissance, on les amenés dans une pouponnière avec des dizaines d’autres bébés et on les a nourris à heures fixes. On a dit que c’était bon pour leurs poumons de pleurer.

Des femmes n’étaient pas convaincues et ont voulu respecter leurs propres croyances : accoucher chez elles, à leur rythme, en choisissant leurs positions, puis en allaitant leur bébé, en dormant avec lui, en répondant à ses besoins. On les a parfois menacées ou jugées dangereuses, car elles mettaient, selon les croyances du milieu médical, leur bébé en danger, par exemple en dormant avec lui.

Beaucoup d’études ont été réalisées depuis cinquante ans et les croyances changent.

Il est maintenant presque normal d’accoucher selon ses valeurs, de choisir la position la plus confortable, de favoriser les sécrétions hormonales qui permettent l’accouchement, l’allaitement et l’attachement : on en parle de plus en plus.

Il est maintenant normal de garder le bébé en « peau à peau » le plus longtemps possible après la naissance, de l’allaiter à la demande, de répondre à ses besoins, de le toucher, de le rassurer, de l’aimer ouvertement avec tous ses sens. Il est normal que le couple cohabite à l’Hôpital avec le bébé, qu’ils dorment côte à côte, qu’ils portent le bébé, qu’ils ne le laissent pas pleurer pour rien.

Les professionnels restent malgré tout les experts : dès que l’accouchement ou l’allaitement ne se déroulent pas dans le temps ou selon la séquence connue et dite normale, la mère doit s’adapter en laissant les professionnels agir et choisir leurs interventions au nom de la sécurité.

Les femmes se sont fait dire depuis très longtemps, par des experts, comment être enceintes, comment accoucher, comment élever leurs enfants, comment les nourrir, etc.

Selon le milieu obstétrical, la normalité d’un accouchement ne se confirme qu’à postériori. On considère l’accouchement potentiellement dangereux tant que le bébé n’est pas né.

Inconsciemment, les femmes ont commencé à accepter un système de croyances qui les fait souvent douter de leurs capacités biologiques à donner naissance, à allaiter et à faire les bons choix pour leurs enfants. Elles ont perdu cette conviction qu’elles restent les seules véritables expertes de leurs enfants et peuvent se faire confiance.

Pourtant, intuitivement, elles savent comment faire. En tant qu’être humain et au-delà des croyances et des valeurs, nous avons intérêt à  développer cette écoute individuelle qui permet d’accompagner chaque femme vers son devenir-mère, chaque homme vers son devenir-père et chaque bébé vers sa vie extra utérine.

jeudi 23 septembre 2010

Les évènements qui m'inspirent en ce soir de pleine lune.

Je vous ai parlé le 14 septembre de l'évènement que nous organisons, à Pleine Lune, le 6 octobre au théâtre du Marais : la projection du film «The Business Of Being Born» qui sera suivie d'une discussion sur le thème «La naissance dans notre société» avec un panel de professionnels et de parents.
Nous pensons à cette soirée depuis très longtemps et elle s'annonce très riche. Enfin, nous pouvons réunir dans une même salle de notre région, des spécialistes de la naissance de milieux différents: médecins, sages femmes, accompagnantes, parents et infirmières. Et ils sont tous heureux d'être là. Quoi demander de plus! L'objectif est que chacun puisse partager ses expériences, ses choix, ses études, ses convictions et que tout le monde puisse s'écouter et apprenne à se connaître.
J'ai très hâte à cette soirée. Elle arrive à point dans le développement de Pleine Lune et de nos 5 premières années. Il est très important que l'on comprenne mieux la réalité d'un accouchement et l'influence de l'environnement immédiat sur la femme en travail.

Il y a un autre évènement très important dans le monde de la périnatalité, les 25 et 26 novembre à Québec : le congrès «Enfanter le monde»  http://www.enfanterlemonde.com/a_propos_enfanter_le_monde.aspx
Des conférenciers d'envergure internationale seront présents et de nombreux ateliers et présentations permettront d'actualiser nos connaissances et aussi de réfléchir sur les besoins des femmes et des familles dans la période périnatale en 2010. Trois grands thèmes seront développés: l'accouchement physiologique, l'allaitement et le devenir parents.

Ceux qui me connaissent savent que mon thème à moi est l'accouchement physiologique.  Comment le faciliter en milieu hospitalier:98% des femmes accouchent à l'hôpital; 2% ont accès à une sage femme pour accoucher en maison de naissance ou à domicile.

Les infirmières et médecins sont formés pour surveiller, intervenir au besoin et surtout anticiper d'éventuels problèmes. Ils sont  souvent inconfortables avec l'accouchement physiologique et tout ce qui vient avec:  les positions pour la douleur qui changent fréquemment, les sons plus ou moins supportables qui sont émis, le bain qu'elles ne veulent plus quitter, les émotions qui surviennent, les postures impossibles pour accoucher, la durée de cet accouchement qui est incontrôlable, etc.

Dans la politique en périnatalité émise par le gouvernemnt du Québec en 2008, on peut lire ceci:
« Donner naissance est une expérience naturelle, un processus normal. Toutefois, dans une société animée par la volonté de contrôler tout risque potentiel, il faut rappeler cette nécessité de protéger le processus physiologique naturel de la naissance. Cela exige que l’on mette en place des environnements propices et que l’on conjugue les efforts autour de cette conviction. Cela implique aussi que l’on respecte la personnalité de chaque femme, ses particularités, son rythme, son intimité.» (Politique de périnatalité 2008-2018, un projet porteur de vie. Gouvernement du Québec, 2008 p.9)

On y constate aussi l'évolution des interventions en obstétrique (césarienne, épidurale, induction) avec un descriptif des effets secondaires possibles. «Nous devons sans cesse poser un regard critique sur l'utilisation des différentes interventions obstétricales, ainsi que des études précisant dans quels cas elles sont indiquées et quelles sont leurs conséquences possibles, particulièrement à long terme, sont nécessaires. Ces mesures doivent permettre la formulation et la diffusion de recommandations, par les instances professionnelles visées en vue de proposer des pratiques cliniques appropriées»(Politique de périnatalité 2008-2018, un projet porteur de vie. Gouvernement du Québec, 2008 p.51).

Cette politique ouvre la porte à une grande réflexion de nos choix en matière d'accouchement et de leurs impacts sur la santé des femmes et des enfants.

Je suis invitée au congrès  pour une présentation auprès d'infirmìères et de médecins: «Comment favoriser la physiologie des accouchements dans les salles de naissance.» Je vais partager mon expérience d'infirmière et d'accompagnante pour transmettre que de petits changements dans les salles de naissance peuvent transformer radicalement l'expérience des femmes.

Donc c'est un automne très stimulant qui débute, très inspirant et très prometteur pour les femmes qui enfantent.

vendredi 17 septembre 2010

La transmission de l'expérience des mères.

Lorsque je demande à un groupe de futurs parents comment ils se sentent par rapport à l'accouchement qui arrive, la réponse la plus courante des femmes est: «J'ai peur de la douleur, j'ai peur de ne pas être capable, ne pas être à la hauteur».

 Les histoires d'accouchement qui circulent le plus sont des histoires souvent dramatiques.

Pourquoi les femmes qui ont un vécu d'accouchement facile, sans intervention en parlent-elles moins?

Parce-que c'est presque indécent de dire qu'elles ont aimé accoucher, qu'elles ont eu du plaisir à le vivre, qu'elles ont transcendé cette fameuse douleur ou que l'expérience vécue  avec leur conjoint et leur bébé fut  simplement ex.tra.or.di.nai.re! Là on va les regarder soit comme des extra-terrestres, soit comme des presque-folles-illuminées!

Comment expliquer et  justifier l'absence d'intervention lorsque la norme est la douleur et l'épidurale la seule solution?  Malheureusement, les effets secondaires de cette dernière sont souvent méconnus des parents  (diminution des contractions, souffrance foetale, fièvre etc.) tout comme le cortège d'interventions qui  peut en découler.

Nous sommes aussi dans une société de performance ou la notion de réussir son accouchement est souvent présente. Au fond, qu'est-ce-que signifie «réussir son accouchement?»

Plus les femmes qui ont eu une expérience positive vont en parler,  plus les croyances et attentes irréalistes disparaitront. On reviendra à un échange de femmes sur une réalité concrète qui leur appartient; cette confiance retrouvée permettra d'éliminer la peur qui mine les accouchements.

 Actuellement, peu de mères transmettent leur vécu  à leur fille en âge d'accoucher, car elles ont souvent donné naissance sous anesthésie ou ont vécu une expérience traumatisante qu'elles préfèrent ne pas partager pour ne pas faire peur à leur fille.

Il faut que les femmes qui ont des expériences positives, qui ont été bien accompagnées, qui ont choisi de sentir dans leur corps le passage de leur bébé témoignent de leur vécu pour démystifier l'accouchement-expérience-traumatisante.

Accoucher c'est aller vers l'inconnu, au-delà de toute planification et contrôle; c'est oser prendre le temps d'accueillir un bébé; c'est vivre ce qui se présente en prenant les décisions au fur et à mesure et c'est surtout aimer cette journée là et tout ce qu'elle nous fait vivre...sans attente, sans recherche de performance.

Je lance un appel à tous:  je recueille des témoignages de parents (regards de mères et regards de pères) qui sont prêts à mettre par écrit leur expérience de naissance d'un ou plusieurs enfants. Je suis intéressée par toutes les expériences et pas seulement les accouchements «faciles»; c'est votre vécu de parents qui est important: comment avez-vous vécu une césarienne? Comment avez-vous vécu une naissance prématurée? ...
Ces témoignages pourront éclairer des futurs parents et les aider dans leur préparation en enlevant une couche de stress et de solitude devant l'inconnu.

J'espère que vous serez nombreux et nombreuses à partager votre expérience car cette transmission manque dans notre société. Vous pouvez faire suivre vos témoignages à info@centrepleinelune.com à Isabelle avec vos coordonnées et une autorisation de publication écrite.

MERCI!!!!!

mardi 14 septembre 2010

The Business Of Being Born

Depuis quelques semaines, avec Nathalie, nous travaillons à la préparation d'une soirée bénéfice au profit d'un groupe d'entraide en allaitement des laurentides. C'est notre évènement de l'automne qui aura lieu le mercredi 6 octobre au théâtre du marais à Val Morin à 19h. http://www.theatredumarais.com/
Nous allons projeter le film américain «The Business of Being Born» http://www.thebusinessofbeingborn.com/
qui sera sous titré en français pour la première fois. C'est un film qui nous montre la situation des accouchements dans notre société occidentale et tout ce qui s'est développé autour : la médicalisation et l'argent généré, qui en bénéficie vraiment? Le film nous montre des femmes qui accouchent dans la douceur de leur foyer, mais aussi des images très dures d'accouchements au début de la médicalisation.
 Plusieurs médecins et sages femmes interviennent tout au long du documentaire. C'est un film très percutant, très important à voir par les futurs parents et les professionnels des unités d'obstétrique.
Après la projection aura lieu un débat qui réunit autour de la table des spécialistes de la naissance: parents -médecin - sage femme- accompagnante à la naissance - infirmière d'obstétrique -
Nous sommes vraiment très fières de cette soirée qui permet de réunir des parents, des professionnels, des accompagnantes, pour partager leurs points de vue et leurs connaissances autour d'une même table.

Nous avons reçu une aide précieuse pour que cet évènement ait lieu. Je remercie, entre autres, Célia et Jean François qui ont assuré la traduction et les sous titrages du film ainsi que la création de l'affiche.http://www.agencenerd.com/. Ces parents de 3 jeunes enfants ont été extraordinaires par leur implication.

Tout ça pour dire que j'ai très hâte à cette soirée: elle concrétise 5 ans de recherche et de travail pour informer les femmes et idéalement transformer les conditions des accouchements dans notre société...(rien que ça!)

Et oui,  Pleine Lune fête ses 5 ans en octobre 2010!  Nous avons vécu toutes sortes d'aventures, souvent belles et stimulantes, parfois souffrantes et désespérantes...mais finalement toujours propulsantes! hum! hum! Ça ressemble fort à la maternité!

J'espère que vous serez nombreux à venir le 6 : la naissance des enfants nous concerne tous; les conditions dans lesquelles ils arrivent et ce que vivent les femmes en accouchant doit être mieux connu et transformé: il n'est plus acceptable qu'une femme soit traumatisée en accouchant en 2010. Toutes devraient être accompagnées de façon à accueillir leur enfant dans la paix et la joie et non dans la peur, la souffrance ou la solitude.

lundi 13 septembre 2010

Ça y est , je suis prête!

Je suis très heureuse de démarrer enfin ce blog et de pouvoir vous tenir au courant de tout ce qui se passe à Pleine Lune. J'espère que vous, parents, professionnels et humains,  profiterez aussi de cet espace de partage autour de la naissance et de l'arrivée d'un enfant.

Je vous reviens très bientôt avec plein de nouvelles!