J'ai envie de partager un peu plus l'expérience vécue avec Michel Odent les 16 et 17 mai à Montréal et les réflexions suscitées par ses propos.
L'intérêt de ces rencontres était de se retrouver, professionnels de différents milieux, parents, futurs parents et accompagnantes à la naissance dans la même salle. Je crois que ces activités ont en effet permis à tous de se re-questionner sur nos pratiques, nos choix de sociétés et leurs enjeux.
Michel Odent nous a amené un peu au delà de nos pratiques quotidiennes avec les femmes qui accouchent pour porter notre regard au niveau de la société et de l'humanité.
Lorsque nous accompagnons des femmes, nous avons le nez dans notre pratique, préoccupés par leurs demandes, leurs peurs, leur vécu et le contexte dans lequel elles vont accoucher. Nous voulons éviter le plus possible les interventions.
Selon M. Odent, en voulant défendre à tout prix les accouchements dits «naturels» nous nous éloignons parfois des réels besoins des femmes. Ce point de vue nous a fait réagir et réfléchir: en effet, nous pouvons aussi intervenir d'une façon qui nous semble plus «naturelle» mais qui reste une intervention ou un perturbateur de l'accouchement physiologique. Il cite par exemple ces films du milieu «naturel» où les femmes accouchent avec plusieurs personnes qui les regardent plus la caméra...
Je crois que c'est très intéressant de revenir, comme il le suggère, à une meilleure compréhension des besoins des femmes qui accouchent. J'ai beaucoup réfléchi à ce «concept» lorsque j'étais infirmière en obstétrique et que je cherchais une voie pour transformer l'expérience des femmes en milieu hospitalier :98% des naissances ont lieu encore à l'hôpital. Est ce que ce milieu peut s' ouvrir et permettre aussi des naissances physiologiques et des expériences positives et complètes pour les femmes?
C'est en travaillant sur les besoins de base des femmes que j'ai pu constater que l'on pouvait amener de grands changements dans les expériences par des aménagements très simples du milieu obstétrical. Tout d'abord diffuser les concepts de base de l'accouchement physiologique aux parents et aux équipes : leur parler de l'antagonisme ocytocine-adrénaline, de l'importance de mettre le néo-cortex au repos et des besoins de sécurité et d'intimité des femmes qui accouchent.
La présence d'une accompagnante pendant les accouchements en milieu hospitalier aide bien sûr beaucoup la mise en place de cette ambiance! L'idée est de trouver la forme de transmission de ces besoins qui soit la plus juste possible pour amener un réel changement sans heurts qui nuisent aux femmes.
J'ai pu vivre ces transformations progressives avec l'équipe d'un hôpital dans les laurentides et au fil des ans, je vois une évolution très positive et rassurante.
Ma conviction que les femmes doivent avoir le droit de choisir leur lieu d'accouchement reste complète. Je crois aussi à l'importance de développer l'accompagnement en milieu hospitalier et une forme de collaboration et de partage des connaissances avec les équipes.
Voici l'entrevue de Michel Odent avec Christiane Charette le 16 mai: