La maternité, une aventure extraordinaire...


J'ai consacré de nombreuses années à tenter de mieux comprendre le passage de la naissance. J'ai préparé et accompagné de nombreux couples pour la naissance de leur enfant.
Peu à peu, j'ai élargi ma réflexion au vécu des femmes au cours de leurs différents passages: puberté, âge adulte, maternité, ménopause. Il est très intéressant pour les femmes de mieux comprendre ces passages de vie transformateurs et la puissance des hormones qui interagissent au cours des cycles.

Il y a eu la naissance du Centre Pleine Lune il y a déjà plus de 5 ans puis l'émergence tranquille de Ô Féminin, espace de rencontre avec la force du Féminin.

Isabelle Challut






mardi 4 octobre 2011

Nouveau site - nouveau blog

Bonjour à tous qui  lisez ce blog régulièrement. Le nouveau site du Centre Pleine Lune est en ligne et le blog y est maintenant intégré. Rendez- vous au http://www.centrepleinelune.com/ - onglet Blog pour les prochains textes, témoignages et évènements de Pleine Lune.

Les dernières nouvelles importantes:
Mon livre «La Maternité au Féminin» est réédité aux Editions L'Instant Présent début novembre 2011. Je l'ai retravaillé, enrichi et je suis très heureuse de vous le présenter bientôt.
Un autre Livre «Devenir Soi» , co écrit avec 8 autres professionnels sera en librairie dès le 26 octobre au Québec ( Éditions Le Dauphin Blanc). Bien sûr, dans mon chapitre, il est question de l'impact de la naissance dans nos vies.
A bientôt sur le nouveau site.
Isabelle Challut

lundi 5 septembre 2011

La naissance dans tous ses états.

Prochaines activités autour de la naissance à ne pas manquer

Au Québec





www.naissancequebec.com

16 septembre à LAVAL

Mieux Naître à Laval présente NAISSANCE à la Maison des arts de Laval
Information et détails en cliquant ici !

22 septembre à SHERBROOKE

S.A.G.E. Famille présente NAISSANCE au Théâtre Léonard St-Laurent du Séminaire de Sherbrooke
Information et détails en cliquant ici !



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                                             En France

2ème RENCONTRES AUTOUR DE LA PERINATALITE
LA NAISSANCE DANS TOUS SES ETATS

Les 18 - 19 - 20 Novembre 2011
à Chambéry


Pour les parents et les bébés :
Parce que la naissance est un moment unique et inoubliable aux enjeux sous estimés.
Parce que la naissance est un acte privé qui appartient à la famille.
Parce que les soignants et les parents peuvent inventer ensemble pour allier intimité et sécurité.
Parce que nous pouvons nous inspirer d'autres pratiques et perceptions.
Parce que la loi Kouchner doit s'incarner pour chaque naissance.

Pour les soignants :
Parce que chaque naissance demande toutes vos compétences.
Parce que la naissance est un acte public d'entrée dans notre monde.
Parce que les parents et les soignants doivent concilier leurs impératifs.
Parce que la culture médicale de notre pays peut s'enrichir de pratiques venant d'ailleurs.
Parce que notre société et ses acteurs de terrain sont en transformation permanente.

Les "Rencontres autour de la périnatalité" créaient un espace où les parents et les soignants peuvent se rencontrer, dialoguer, échanger. Les films, les photos, les conférences, les stands les échanges sont là pour faire émerger la créativité, la confiance et souligner, transcender à chaque naissance sa beauté dans le respect et la non-violence.

J'y serais pour participer à cette réflexion internationale autour de la naissance

Isabelle challut

jeudi 25 août 2011

Les accompagnantes à la naissance ou doulas.

Pourquoi devenir accompagnante à la naissance? Pourquoi créer des sessions de «formation» ou plutôt d'in-formation pour les femmes désirant accompagner d'autres femmes lors de la naissance de leur enfant en milieu hospitalier?
Infirmière dans les salles de naissances dans les laurentides, je voyais des femmes arriver, mal informées, paniquées par l'accouchement, par la peur de la douleur ... comment faire en quelques minutes, avec des salles de naissance occupées pour donner l'information et le support adéquat à ces femmes? Peu à peu, l'idée de devenir accompagnante, de rencontrer les couples pendant la grossesse, de créer un lien de confiance solide et d'être présente tout au long de la journée de l'accouchement a germé...Je me promenais alors entre mon rôle d'infirmière et celui d'accompagnante, en changeant de costume!
Cela a transformé ma pratique et a certainement teinté l'équipe de travail d'obstétrique. 
Et les expériences se sont multipliées pour me faire réaliser l'importance de la préparation et de l'accompagnementdes femmes. 
Je crois qu'on peut «déprogrammer» les croyances solidement installées depuis quelques décennies pour permettre aux femmes d'imaginer que leur accouchement peut être différent de ce qu'elles ont entendu dans leur environnement ou vu dans les multiples émissions télévisées. 
Après leur avoir révélé le fonctionnement des hormones de l'accouchement, de l'organisation de leur corps , après avoir parler de cet instinct qui peut les guider, j'en vois beaucoup changer, croire que l'expérience peut être vécue pleinement. Elles comprennent que ce ne sera pas forcément facile mais qu'elles ont l'occasion de vivre une expérience transformatrice. Cette ouverture change tout dans un accouchement. Ces femmes retrouvent leur pouvoir et vont se permettre de vivre complètement la naissance de leur enfant, de l'accompagner.
Bien sûr, l'attitude des équipes  d'obstétrique a une importance capitale dans le vécu des femmes. Si l'accompagnante est accueillie comme une alliée qui va permettre à la mère d'être en confiance, de se laisser aller, d'être supportée quels que soient ses choix, l'expérience de cette femme sera vraiment privilégiée.
L'accompagnante est, dans notre système de santé, une personne ressource très importante. 
Voici une histoire qui se répète souvent : une mère fatiguée par travail long et exigeant, est prête à abandonner mais, soutenue par la voix de son accompagnante, elle va faire confiance et continuer, unie à son bébé. Elle  va nous confirmer par la suite, que, dans les conditions hospitalières qu'elle a connue, sans accompagnante, elle n'aurait pas vécu cet accouchement de cette façon là. Après la naissance, elle est forte, accomplie, fière d'être allée jusqu'au bout ... quelque soit l'issue. 
L'important est que les femmes puissent vivre leurs accouchements à leur rythme, sans ultimatums, sans restriction de mouvements, sans limitation pour l'accès au bain, accompagnées des personnes de leur choix.
 L'accompagnement non médical est reconnu pour son effet positif dans le déroulement des accouchements par de nombreuses études.

Je parle de «formation» entre guillemets car l'accompagnement ne s'apprend pas; c'est une qualité d'être. Mais je crois que des informations ont intérêt à être transmises sur la physiologie de la grossesse, de l'allaitement, de l'accouchement et les interventions les plus fréquentes pour mieux supporter les mères qui accouchent en milieu hospitalier. Nous pratiquons, pendant la formation des sessions de travail corporel, antigymnastique et méditation pour que chacune apprenne à se connaître, à sentir son corps, à être présente à elle-même. 
Idéalement, je crois que  les professionnels des salles de naissance, tout comme les femmes qui accompagnent, devraient suivre ce genre de sessions informatives sur la naissance et les besoins des femmes qui accouchent.


le site de Pleine Lune :

lien vers le site du réseau des accompagnantes du Québec:



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jeudi 4 août 2011

Un acte de Foi

Voici le témoignage d'Émilie qui a donné naissance chez elle, sans assistance. Elle nous livre son cheminement de conscience, de foi et d'amour. Un partage précieux et riche pour les femmes et leur potentiel créateur. Merci!

«Ma fille a été conçue dans un désir de stabilité. J'ai vécu une grossesse heureuse, mais ô combien riche en émotions! Une belle grossesse, sublime même, à l'intérieur d'un cadre très instable.
Quel paradoxe!
J'ai cheminé à travers ce qui me semblait le chaos, tentant de déployer mes ailes, tentant d'être la créatrice du monde. Je baignais dans la conviction que mon enfant était porteur de bonnes nouvelles, semeur d'espoirs universels, guérisseur de conscience, un peu comme un sauveur. Sans effort. En étant tout simplement lui-même. Authentique. Je m'efforçais donc d'être à la hauteur de cette âme, avec toute ma fragilité et mon imperfection et de rester forte et stable malgré la séparation, les déménagements, les deuils et tout ce que ces évènements impliquaient. Je devais rester authentique. À chaque semaine j'allais donc à mon cours de yoga de Conscience Prénatale et je nettoyais des miasmes de mes pensées, de ma mémoire, de mes émotions, de mes sentiments, pour tenter de rester dans ma lumière, de me rapprocher de ma divinité.
J'ai bien failli tomber. Je la trouvais dure cette situation là, tout un fracas émotionnel et une série de claques à l'orgueil.
Mais j'avais déjà ma petite fée Lily à côté de moi, haute de ses deux ans et demi, incroyablement bonne et généreuse.
Et j'avais cette puissance en mon sein, si mystérieuse et si présente. Non, je ne pouvais laisser Madame Ego gagner et devenir une victime déprimée et inconsolable. 
J'ai donc élevé mon cœur, du mieux que je le pouvais, et je me suis laissée bercer par le mouvement des Anges qui me soutenait. J'avais pris soin, heureusement et inconsciemment, de m'entourer de gens spéciaux et très importants afin de me sentir comprise et soutenue.
Je leur dois mes plus grandes réalisations; soient mes deux accouchements. Mes amis et amies, mes enseignantes, ma famille. Vous qui croyez en moi, vous m'avez donné la force d'accomplir ces précieuses missions et de poursuivre, en tant que mère, selon qui je suis et ce que je crois.
Vers le sixième mois, j'ai abandonné mon suivi en maison de naissance afin de me réapproprier pleinement, de façon autonome, ma grossesse et mon accouchement. Et ce, malgré tout le respect que j'avais et que j'ai pour la sage-femme qui faisait mon suivi; une femme très significative et inspirante. J'ai également refusé les tests et les échographies.
J'ai donc mis ma fille au monde de mes propres mains, sur mon  lit, dans la conscience du silence, dans le plus grand respect de la vie. J'ai senti le parcours de cet être qui s'incarnait doucement, mais intensément(!), dans notre monde. J'ai travaillé en lien étroit avec elle. J'ai senti sa Toute Puissance. Je mettais au monde ma fille et elle mettait au monde la Lumière. D'ailleurs, elle est une conductrice de la lumière, j'en suis persuadée.
Elle s'appelle Flavie.
Elle est née dans la Foi.
Aujourd'hui les gens me disent: «Wow, tu es courageuse!» Qu'est-ce que le courage à côté de la foi? Je n'ai fait que garder mon propre pouvoir au lieu de le remettre entre les mains des professionnels. Ou plutôt, je l'ai remis entre les mains du ciel. Et j'ai fait confiance à l'enfant que je portais. Je l'ai, du moins jusqu'à un certain point, écouté.
Je pense à toutes ces femmes qui quittent la maison en plein travail, qui entrent dans un lieu rempli de différentes énergies; ces femmes à qui l’on fait des examens vaginaux à répétition, qu'on branche sur le monitoring, qu’on dérange pour écouter  sans cesse le cœur du bébé; ces femmes qu'on couche sur le lit, à qui on explique comment elles doivent se comporter, à qui on dit de pousser ou de se retenir, à qui on suggère à répétition des antidouleurs ou des déclencheurs de travail…
Certaines de ces femmes ont la foi, la plupart, j'en suis convaincue; mais elles ont surtout, à mes yeux, beaucoup de courage. Je n'aurais pas su, personnellement, donner la vie de la même manière dans de telles circonstances. 
Cela dit, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise façon d'accoucher, il y a simplement deux êtres, une maman et son bébé et ces deux êtres doivent se respecter et être respectés, dans ce qu'ils sont, dans leur authenticité.

Les femmes ont le pouvoir de choisir. Elles s'en rappellent de plus en plus. Mais pour l'amour du ciel, allons-nous arrêter de leur imposer la peur comme partenaire dans cet évènement sacré qui mérite, selon moi, un rituel digne de la beauté de la vie?
Nous sommes créatrices. Nous avons le pouvoir de donner la vie. Nous avons, par le fait même, le pouvoir de la transformer, de changer le monde. 
Soyons pures, soyons vraies, soyons idéalistes! Donnons le meilleur pour nos enfants en conception et même plus! Donnons-leur le pouvoir de choisir et de changer les choses!
Mes deux accouchements ont été et seront les plus beaux évènements de ma vie. Je suis confiante que je laisse à mes filles le plus bel héritage: leur naissance.
Il y a un dicton qui dit: On est comme on nait. Cela change notre conception de la naissance, n'est-ce pas?»

jeudi 23 juin 2011

Chaque enfant écrit sa propre histoire de naissance.

Josiane nous partage son vécu après 3 accouchements à l'hôpital. Merci pour se beau témoignage
Isabelle
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Voici l’histoire des plus beaux instants de ma vie.

 J’ai longtemps pensé que mon 1er accouchement avait été naturel, mais au fil du temps, de mes lectures, des discussions et des préparations aux autres accouchements, j’ai réalisé qu’il n’avait pas été tout à fait naturel. Non, je n’ai pas eu d’épidurale. Mais je sais maintenant que des interventions qui m’ont été proposées et qui semblaient très anodines ou banales, ne l’étaient peut-être pas vraiment. 
J’ai appris aussi que la moindre petite intervention voire interaction a des conséquences sur le déroulement d’un accouchement. Évidemment, on n'a jamais l’occasion de revivre deux fois le même accouchement pour vérifier l’impact réel d’une intervention.

Ma fille est née après 26 heures de travail intense. Dès la première heure, mes contractions durent 45 secondes et reviennent toutes les 5 minutes. Après quelques heures à la maison, nous nous rendons à l’hôpital pour apprendre que le col commence seulement à s’effacer. On est loin du 10 cm requis… Mais en bonne élève que je suis, je me centre sur moi et ne regarde pas les heures passer, tel qu’on nous l’avait conseillé dans les cours de préparation. 
Ces longues heures, je les vois plutôt sur le visage de mon conjoint qui devient de plus en plus inquiet et je les sens dans la voix angoissée de ma mère. Je présume que je dois faire quelque chose pour accélérer le travail à cause du médecin qui me propose depuis quelques heures de crever les eaux. Ce que j'accepte finalement… et que je ne referais pas! Mon conjoint veut savoir ce qui se passe pour que ce soit si long. On le rassure (enfin, on essaye!!!) en lui disant que tout va bien et que le cœur du bébé bat bien.
Je reçois pendant la nuit quelques (3 ou 4) doses de calmant, pour en arriver à n’avoir presque plus de contraction. Le bain n’aide en rien car le travail ralentit. Cela me donne un répit, mais là encore, je ne me permets pas ce répit car je ressens beaucoup d’inquiétude, de fatigue et d’angoisse autour de moi. 
Et maintenant, je sais que je suis sortie du bain en espérant que le travail reprenne. 
Mes parents et ma belle-mère sont déjà à l’hôpital, ce qui n’avait pas été prévu. L’ anesthésiste  passe quelques fois me demander si je ne change toujours pas d’idée et m'annonce à un moment donné que c’est ma dernière chance car il ne reviendra pas avant 7h00 du matin!
J’y  songe sérieusement… mais je refuse! Aux petites heures du matin, on me donne du pitocin. Je ne contrôle plus rien. Je ne sens plus rien. L’infirmière m’indique le meilleur moment pour pousser. 
La poussée dure 3 heures! Je me rappelle que lorsque je veux hurler ma douleur, je pense à mes parents de l’autre côté de la porte qui doivent s’inquiéter, à mon conjoint qui a si hâte que le travail se finisse pour être rassuré. 
Jamais, je n’ai senti que ça poussait tout seul comme de nombreuses femmes m’avaient déjà dit. Puis, on me dit finalement que la tête de mon bébé est proche, mais mal positionnée (en postérieure). C’est lorsque le médecin réussit à la faire bouger que le col passe de 8 à 10cm en quelques minutes , après être resté des heures à 7cm. 
Le médecin me dit aussi que je vais ressentir une sensation de brûlure dans mon vagin et que ce sera le meilleur moment pour pousser… puis il me propose le bloc honteux pour éviter cette sensation désagréable... Ne vient-il pas de me dire que la douleur m’indiquerait le bon moment pour fournir un maximum d’énergie? 
Je veux sentir ce moment… puis, je vais chercher mon enfant pour enfin l’accueillir dans mes bras.  Il est 8h14, l’atmosphère est paisible, douce et calme. 
Faire face à l’inconnu, sans attente, est ce qui m’a permis de passer sereinement à travers cet accouchement. 
Je n’étais pas très inquiète car je n’avais pas d’autres points de repère que ce que j’étais en train de vivre avec mon bébé. Je sais maintenant qu’il y avait trop de monde autour de moi, trop d’émotions qui m’empêchaient un peu de vivre pleinement les miennes. 
Je suis toujours éblouie en pensant à toute l’énergie qui est revenue au moment où j’ai pris mon enfant dans mes bras. Cet accouchement aura toujours à mes yeux quelque chose de magique… Au moment de la naissance… j’étais enfin dans ma bulle avec ma fille et son papa!

Enceinte de mon 2e enfant! Je suis décidée à faire un grand bout de travail à la maison puisque je n’habite qu’à 10 minutes de l’hôpital. C’est précisément ce qui arrive. J’ai des contractions facilement endurables tout l’après-midi et durant l’heure du souper. Vers 17h30, je suis certaine que le travail est bel et bien commencé! 
Je continue à m’occuper de ma fille et de lui parler. Je me balance debout. Puis je prends un bain et me retire dans ma chambre pendant que mon conjoint s’occupe de notre fille, de la préparer pour aller au lit, car grand-maman s’en vient. 
 Ces instants vécus seule avec mon bébé à naître sont magiques; je lui parle, regarde mon ventre se déformer dans le miroir… je danse presque au rythme des contractions, m’accroupis, me berce… Il ne me vient jamais à l’idée de compter le temps et la durée des contractions. 
Elles font mal, mais sont si bonnes à la fois car je sens que mon enfant descend.
Le 1er accouchement avait été si long… Je suis soudainement surprise par une contraction beaucoup plus intense que les autres. Je sors de la chambre et je demande à ma mère qui vient tout juste d’arriver, d’appeler l’hôpital pour annoncer notre arrivée. Je me souviens m’être agenouillée par terre en disant à mon conjoint, on dirait que ça pousse! ( je n’avais jamais senti cela en accouchant de ma fille). J’ai hâte d’être à l’hôpital pour retrouver un certain calme. 
Je suis loin de me douter que je suis à 7 cm de dilatation et que 10 minutes plus tard le col sera complètement ouvert, le temps que mon conjoint retourne stationner la voiture et faire mon admission.
Le médecin arrive à la course, m’annonçant qu’un stagiaire arrive bientôt (je ne veux pas le voir là, mais ne veux pas non plus être obligée de le dire et me déconnecter de mon bébé). Les infirmières ne  sont pas prêtes pour recevoir une patiente sur le point d’accoucher. 
Après un travail magique et intime à la maison, la venue de mon bébé se passe tout autrement : il reste bloqué aux épaules… alors l'équipe stresse pour sa sortie. Et lorsqu'enfin mon bébé est sur moi… on m'annonce qu'il manque une partie du placenta… alors, le médecin doit  aller chercher ce fameux morceau... à froid! (ouch!) 
C’est tellement douloureux que je veux que mon conjoint prenne le bébé car j’ai trop peur de lui faire mal. Mon bébé est né mais je ne suis pas calme, je crie encore pour maîtriser la douleur. Je m’excuse sans cesse à mon bébé de le recevoir dans cette ambiance. 

Ambiance qui a mis du temps à être tamisée et douce. Il est minuit, l’équipe vient de changer. Une infirmière qui n’est pas régulière se plaint de l’équipe précédente et s’acquitte de ses tâches en disant tout haut ses frustrations. J’aurais tant voulu être à la maison avec mon bébé… et ma grande fille que mon conjoint est allé rejoindre afin de la rassurer. 
Cet accouchement a été rapide, mais j’étais beaucoup moins sereine pour accueillir mon bébé que lors de mon 1er accouchement. Et je me demande toujours comment ça se serait passé si j’avais pu accoucher à la maison et éviter de me déplacer vers l’hôpital au moment où je devais plutôt continuer de me centrer sur mon bébé…

23 décembre 2010… je le sais déjà… mais le test le confirme : je serai maman une 3e fois. Wow! Cette fois, je sais ce que je veux et surtout ce que je ne veux pas! Dilemme toutefois : devrais-je faire mon travail le plus longtemps possible à la maison et risquer de partir trop tard pour l’hôpital ou me rendre tranquillement à l’hôpital et y installer mon petit nid dès que je sens le début du travail?
 Je réalise le  plaisir que j’ai eu, seule, à vivre les contractions avec mon 2e bébé, dans ma chambre sans personne autour et je conviens qu’il y a eu beaucoup trop de gens autour de moi durant mon 1er accouchement. 
Je sais que je veux être dérangée le moins possible! J’ai tant aimé l’expérience du travail en symbiose avec mon 2e enfant. Comme si j’étais dans un monde parallèle… que j’avais dû quitter trop brusquement pour me rendre à l’hôpital, pour avoir mal, peur et encore mal! 
Évidemment, je suis aussi préoccupée par mes deux autres enfants. Je suis résolue à quitter la maison assez rapidement, pour me rendre tranquillement à l’hôpital, saluer mes enfants et avoir le temps de leur dire combien je les aime, que l'on se reverra avec le bébé. Je veux qu’ils voient une maman heureuse et rassurante partir pour cet accouchement. 
Et bien, la vie m’a rappelée que chaque naissance nous amène à faire face à l’imprévu et mème l’inconnu même s’il s’agit de la troisième grossesse. 
3 semaines avant la date prévue, je commence à avoir de bonnes contractions. Je dois même parfois m’arrêter. Je suis alors certaine que le travail va commencer… mais il ne se déclenche jamais vraiment. Je suis si certaine d’accoucher en avance à cause de ces contractions que j’ai l’impression d’être ‘en retard’ sur ma date, alors que tout se déroule parfaitement bien. Et le comble : à 38 semaines, alors que je dis tout bonnement au médecin que j’ai hâte de voir mon bébé, elle me propose un « stripping ». Je refuse mais me demande si je devrais le faire au prochain rendez-vous si le bébé n’est pas né. J’ai peur que mon bébé soit trop gros. Mon 2e enfant est resté coincé aux épaules… 
Après m’être renseignée, je choisi d’attendre mon bébé à l’heure à laquelle il sera prêt. 
Je dois déjà, comme maman, apprendre à le connaître et l’aimer comme il est sans chercher à tout contrôler. Puis, je décide de profiter de ces derniers instants en symbiose avec lui… et il naît 2 jours passés la date prévue. 
J’ai des contractions un peu plus fortes au milieu de la nuit aux 15 minutes, puis aux 30 minutes. En avant-midi, les contractions deviennent très irrégulières en intensité et en durée. Nous décidons de partir quand même vers l’hôpital. Je prends le temps de me préparer et parler à mes enfants dans le calme. À l’hôpital, le médecin m’annonce que je suis à 5cm et demi, mais que le travail actif ne semble effectivement pas commencé. Elle propose alors que je reste une heure à me promener autour et de revoir si le travail déclenche vraiment avant de me retourner à la maison! 
Elle propose aussi un stripping que cette fois j’accepte. 10 minutes plus tard, les contractions se font très fortes, même incontrôlables… je regrette presque d’avoir accepté cette intervention. Mais, j’y suis, je suis prête à accoucher! Je vais dans le bain. À peine quelques contractions plus tard, je sens que ça pousse. On est à 7 et demi… une contraction de plus… je sens que le bébé avance, l’ouverture est complète, il faut que je sorte du bain! 
Je me retiens de m’élancer à 4 pattes car je sais que le bébé serait venu ainsi. Je le sentais si bien descendre. Une fois retournée sur le lit, 2 ou 3 poussées… 
Il est là dans mes bras, mon bébé, à 13h09… une heure après mon arrivée à l’hôpital. Ouf! Encore une fois, je ne l’aurais pas cru. Mon petit cœur a passé 3 semaines à faire des petits bouts de cheminement pour me laisser une seule heure de douleur… intense! 
J’ai accueilli mon bébé… j’avais l’impression d’être avec une « gang » d’amies, même si j’étais seule avec mon conjoint. L’atmosphère était amicale, je connaissais une infirmière, l’autre infirmière m’avait épaulée durant mon séjour avec mon 2e bébé, elle était très maternelle et le médecin était une jeune femme dynamique et souriante. 
Après 3 accouchements, le personnel m’était un peu familier. L’accouchement ayant été court, je n’étais pas trop épuisée! Je savourais chaque instant en me disant que c’était les plus beaux instants qu’une femme pouvait vivre… Je les appréciais car ce serait probablement mon dernier bébé.

Aujourd’hui, je me rends compte que déjà mes enfants me laissaient entrevoir un brin de leur personnalité à travers l’histoire de leur naissance. Plus je pense à leur façon d’être venus au monde, plus je les aime!


Josiane





















lundi 13 juin 2011

Naître Femme.

Naître femme ne nous prédispose pas d'emblée à être prête à vivre la puberté, la maternité et la ménopause selon nos réels besoins.
Naître femme dans notre société, c'est être bombardée de clichés, d'images, de modèles peu réalistes.

La maternité ne fait pas partie de la vie de toutes les femmes mais le potentiel créateur oui. La maternité m'a appris beaucoup de choses sur la physiologie féminine et son organisation. J'ai aussi compris que ce qui se passe lors de la maternité et l'accouchement n'est qu'un des aspects de notre potentiel créateur qui se vit et se revit dans toutes les étapes de notre vie, que l'on ait des enfants ou non.
J'ai eu la chance de résister par nature aux pressions sociales lors de mon 2e accouchement. J'ai ainsi accoucher chez moi, sans assistance médicale, il y a 15 ans . La puissance ressentie, la formidable organisation de mon corps, l'écoute intérieure sans le doute: voilà ce que j'ai appris cette journée là. C'est le genre d'expérience marquante dans la vie d'une Femme qui découvre sa puissance et sa force.

 La puberté est la période où l'élan créateur est en ébullition: les adolescents ont besoin du support sans faille des parents, de leur guidance discrète, soutenue mais respectueuse qui va leur permettre d'avancer vers leur élan en toute confiance. Mais on parle plutôt de la crise d'adolescence et de ses multiples problèmes.

La maternité et l'accouchement concernent chacun de nous. Ce que tout le monde devrait savoir mais qui reste un secret bien gardé:  pour accoucher , il faut que l'intimité soit respectée, que le temps ne soit pas compté; la femme a besoin d'un support sans faille  de son entourage, discret mais présent qui lui permet de se laisser aller pour vivre complètement et sans retenue, sans inhibition, la naissance de son enfant. Mais on parle plutôt de douleur et d'épidurale.

La ménopause est un passage. Un changement d'orientation et d'implication. Un retour vers soi. Une façon d'être plus intuitive et moins contrainte par beaucoup de critères extérieurs. L'entourage ne reconnaît plus  cette femme qui ne se met plus de barrière!
Ce qui rend ce passage plus facile, comme les deux autres: prendre le temps de vivre ce retour sur ses expériences, faire confiance au senti et aux mouvements hormonaux et au développement de la sagesse intuitive.
Mais on parle plutôt de la perte de la féminité et des symptômes à éviter.

Je peux donc dire qu'il y a une grande incompréhension des réels besoins des femmes lors de leurs différents passages.

Peur du feu de la puberté, du feu de la femme qui accouche sans retenue et du feu de la femme ménopausée qui ne craint plus personne.

dimanche 22 mai 2011

Les réels besoins des femmes qui accouchent.

J'ai envie de partager un peu plus l'expérience vécue avec Michel Odent les 16 et 17 mai à Montréal et les réflexions suscitées par ses propos.
L'intérêt de ces rencontres était de se retrouver, professionnels de différents milieux, parents, futurs parents et accompagnantes à la naissance dans la même salle. Je crois que ces activités ont en effet permis à tous de se re-questionner sur nos pratiques, nos choix de sociétés et leurs enjeux.

 Michel Odent nous a amené un peu au delà de nos pratiques quotidiennes avec les femmes qui accouchent pour porter notre regard au niveau de la société et de l'humanité. 
Lorsque nous accompagnons des femmes, nous avons le nez dans notre pratique, préoccupés par leurs demandes, leurs peurs, leur vécu et le contexte dans lequel elles vont accoucher. Nous voulons éviter le plus possible les interventions.
Selon M. Odent, en voulant défendre à tout prix les accouchements dits «naturels» nous nous éloignons parfois des réels besoins des femmes. Ce point de vue nous a fait réagir et réfléchir: en effet, nous pouvons aussi intervenir d'une façon qui nous semble plus «naturelle» mais qui reste une intervention ou un perturbateur de l'accouchement physiologique. Il cite par exemple ces films du milieu «naturel» où les femmes accouchent avec plusieurs personnes qui les regardent plus la caméra...

Je crois que c'est très intéressant de revenir, comme il le suggère, à une meilleure compréhension des besoins des femmes qui accouchent. J'ai beaucoup réfléchi à ce «concept» lorsque j'étais infirmière en obstétrique et que je cherchais une voie pour transformer l'expérience des femmes en milieu hospitalier :98% des  naissances ont lieu encore à l'hôpital. Est ce que  ce milieu peut s' ouvrir et permettre aussi des naissances physiologiques et des expériences positives et complètes pour les femmes? 

C'est en travaillant sur les besoins de base des femmes que j'ai pu constater que l'on pouvait amener de grands changements dans les expériences par des aménagements très simples du milieu obstétrical.  Tout d'abord diffuser les concepts de base de l'accouchement physiologique aux parents et aux équipes : leur parler de l'antagonisme ocytocine-adrénaline, de l'importance de mettre le néo-cortex au repos et des besoins de sécurité et d'intimité des femmes qui accouchent. 
La présence d'une accompagnante pendant les accouchements en milieu hospitalier aide bien sûr beaucoup la mise en place de cette ambiance! L'idée est de trouver la forme de transmission de ces besoins qui soit la plus juste possible pour amener un réel changement sans heurts qui nuisent aux femmes.

J'ai pu vivre ces transformations progressives avec l'équipe d'un hôpital dans les laurentides et au fil des ans, je vois une évolution très positive et rassurante. 

Ma conviction que les femmes doivent avoir le droit de choisir leur lieu d'accouchement reste complète. Je crois aussi à l'importance de développer l'accompagnement en milieu hospitalier et une forme de collaboration et de partage des connaissances avec les équipes. 

Voici l'entrevue de Michel Odent avec Christiane Charette le 16 mai:

vendredi 29 avril 2011

Force de Vie

Voici le récit de Mélanie Dompierre et de son cheminement vers un AVAC  


«Les médecins et infirmières, s’il vous plaît, n’oubliez jamais le coté émotif vécu dans une naissance!

Quelles sont les raisons qui m’ont poussée à demander un AVAC?
Pour que vous compreniez bien ma démarche, je vais prendre le temps d’expliquer la naissance de ma première fille par césarienne.
À la 32e semaine on m’annonce que mon bébé se présente par le  siège et que si elle ne se retourne pas, je devrais accoucher par césarienne, c’est la routine.
Avec mon conjoint, nous sortons de cette rencontre obstétricale sous le choc!
Par la suite, je vais consulter notre super internet afin de trouver un moyen pour que notre bébé se retourne de façon naturelle.
À notre grand désarroi rien ne fonctionne.
Le médecin prend alors son agenda et dit : «Voilà la  date à laquelle tu vas avoir ton bébé, à telle heure. Ok?»
Complètement abasourdis de toute cette stérilité, nous ne trouvons rien d’autre à dire que «ok»!

L’opération (parce que c’est une opération) fut un choc physique et surtout émotionnel. 
Enceinte, j’avais regardé à la télévision comment se passait une césarienne et ma bonne amie m’avait dit : «tu vas voir, c’est rien!»

Ce fut le pire moment de ma vie, je n’avais aucune sensation dans mes membres, je ne pouvais rien voir avec ce rideau en avant de moi et on m’avait attaché les bras pour que je ne puisse pas faire de mouvements dérangeants.
Mon conjoint fit son apparition alors que le chirurgien sortait notre fille de mon ventre et puis …il me la montra de loin, je ne pu même pas la toucher…car vite vite…on l’emmenait ailleurs, elle était en insuffisance respiratoire!!! Mon mari quitta la pièce avec la petite, personne ne me parlait, je ne sentais pas mon corps. Puis on enleva ce foutu rideau…je n’avais plus de bedaine, plus de bébé et plus de conjoint…juste des inconnus restaient avec moi.

Je me sentais comme si j’avais été violée.

Plus d’une heure après l’opération, encore sous l’effet de l’anesthésie, mon conjoint déposa ma fille dans mes bras pour que je la nourrisse….holala!
J’étais encore sous le choc et je me suis d’abord demandée si elle était bien ma fille…

 Cela m’a pris près de 2 jours avant de me sentir à l’aise avec elle, il y avait comme un grand vide entre nous deux. J’avais tellement honte de moi! Lorsque nous avons (ma fille et moi) créé enfin un  lien, je ne voulais plus la quitter et j’avais peur que des inconnus partent avec elle.

J’ai fait ces cauchemars pendant plus de 6 mois! Ce fut le côté émotif de cette expérience. Pour ce qui est du côté physique, je n’ai pas été capable de me mouvoir pendant plus de 4 semaines, car je ne voulais aucune drogue pour la douleur qui rendaient ma fille très comateuse quand j’en prenais…

Alors non merci…pas d’autre césarienne!

Je dois dire que même si c’est moi qui ai poussé pour ne pas subir une autre césarienne,
si j’avais été seule dans ce combat, cela aurait été des plus laborieux. J’ai eu un support extraordinaire de ma famille, mon conjoint et des accompagnantes que nous avions engagées.
Les docteurs veulent se protéger avant tout, je ne les blâme pas, mais je crois qu’ils ne devraient pas banaliser cette opération.
J’ai eu une césarienne et j’ai eu MON AVAC, je peux dire de tout mon cœur, que prendre la chance de vivre le travail actif puis les poussées d’un accouchement naturel, m'a permis d’éprouver des sentiments intenses et uniques!

Cette Force de la nature vécue dans la naissance et les émotions positives associées me confirment que la vie ne doit jamais être vécue comme un événement stérile!»
......
 « Mon AVAC: Lorsque mon bébé est né, la première chose que j’ai dite est: «J’AI RÉUSSI!!!» Ce sentiment d’accomplissement est le plus intense que j’ai vécu de toute ma vie! Même après toutes ces heures de travail exténuant, après la douleur,  j'étais envahie par un profond sentiment de fierté. 

Mon fils était en plein forme, sans aucune insuffisance respiratoire.  Et j'avais démenti ce Ouïe dire : Césarienne un jour, césarienne toujours
Ha!Ha! Ha!Je l’ai eu mon accouchement naturel… comme la nature le veut!

Un merci spécial à mes accompagnantes, Nathalie et Isabelle, au Dr M. et à mon conjoint d’avoir cru en moi»


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Message d'Isabelle Challut:
Je donne une conférence-atelier pour se préparer concrètement après une césarienne et démystifier l'AVAC: le 12 mai 2011 à 19h à Ste Adèle et le 20 juin 2011 à Prévost. 
Vous pouvez vous inscrire au 819.323.4440 ou isabelle@centrepleinelune.com - 
Merci - 

jeudi 14 avril 2011

Deux césariennes ... puis un AVAC à domicile.

Je partage avec vous ce vidéo qui nous raconte l'histoire d'une famille. Le témoignage de cette femme est, je crois, très important pour beaucoup de femmes qui ont eu une ou plusieurs césariennes et pour les professionnels qui n'ont jamais eu la chance de voir ça!




Cesarean vs. VBAC: A Dramatic Difference from Alexandra Orchard on Vimeo.

samedi 9 avril 2011

Lettre d'une mère à sa fille.

Voici le témoignage de Mélanie, pour nous rappeler que, même si notre enfant arrive par Césarienne, ce moment peut être heureusement bien vécu. Son deuxième enfant est né par les voies naturelles et elle nous racontera son expérience bientôt.

«Pour moi, l’accouchement n’était pas un aboutissement mais plutôt une étape. Je n’avais aucune crainte, aucune peur. Au contraire, j’avais hâte de vivre ce moment et je savais que nous serions là l’une pour l’autre. Je le voyais  comme un travail d’équipe pendant lequel chacune notre tour, nous allions faire des efforts pour aider l’autre. 
Je savais que j’aurais mal, mais ce mal ne me faisait pas peur parce que j’étais prête à tout pour toi. J’avais hâte de te voir enfin, te parler, te sentir, te toucher et t’entendre. 
Je t’aimais déjà depuis la seconde où j’avais appris que tu étais en moi. L’accouchement était l’évènement tant attendu qui allait nous réunir dans le même monde: tu allais traverser pour venir rejoindre le mien. 
J’ai cependant  dû accepter que ça ne se passerait pas comme je le visualisais car à 37 semaines, le docteur m’a confirmé que tu n’avais pas la tête en bas et que tu te présentais donc par le siège. On devait planifier une césarienne. 
Sur le coup j’ai été très déçue parce que je m’étais bien préparée à t’avoir naturellement, du moins à t’avoir par voie basse. Mais là tout était planifié, je savais la date et presque l’heure où tu allais arriver, il n’y avait plus la spontanéité, la fébrilité que tu puisses arriver n’importe quand et n’ importe où.

 Malgré toutes les positions inversées de yoga pour tenter de te faire tourner, malgré la version tentée par le docteur tu es restée  la tête en haut. 
J’ai finalement accepté que c’est toi qui décidais et, malgré la déception, je  me suis réconfortée en me disant que j’avais une petite fille qui savait garder la tête haute…
Cependant, tu as gardé ton titre de bébé surprise jusqu'à la fin. Tous les docteurs rencontrés m'avaient confirmé à chacun de mes rendez- vous que,  comme tu te présentais par les fesses,  je ne dilaterais pas et que j'avais  peu de chance de perdre les eaux... 
Et bien, tu as mérité ton titre car tu es arrivée non pas par césarienne planifiée le 15 avril mais bel et bien par césarienne d’urgence 24 heures à l’avance! 

J'ai perdu mes eaux dans la nuit du 13 au 14 avril. Nos réactions, à ton père et à moi, ont été, à ce moment très opposées. Maman était d’un calme inexplicable et papa faisait les cents pas et courrait d’un étage à l’autre.

Nous nous sommes présentés à l’hôpital en plein milieu de la nuit, j'avais des contractions aux 2 minutes depuis le tout début. Le médecin conclut que nous devions aller très rapidement en salle d’opération parce que tu semblais très pressée d’arriver. Tu as donc choisi de te présenter à 39 semaines.
Je t’avoue avoir trouvé tout ça très intense: avoir à peine eu le temps de me faire à l’idée que je partais en césarienne tout en apprivoisant les contractions me rendait un peu nerveuse. 
J’ai cependant bien géré les contractions très intenses et j’ai eu une grande facilité à me déconnecter de la réalité à chacune d’elle. J’ai complètement perdu la notion du temps. Pendant plus de deux heures, les contractions se sont succédées aux deux minutes et duraient de 1 à 1 minute et demie chacune. J’ai réellement eu l’impression que ça n’a duré que 30 minutes. 
Je vivais chaque contraction comme une vague: je visualisais la vague arriver quand la contraction débutait et la vague repartir avec la douleur. 
Je n’entendais et ne voyais plus ce qui se passait autour de moi, je me concentrais sur ma contraction, je la vivais intensément et calmement.

Puis est venu le temps de quitter pour la salle d’opération. Ton papa devait se préparer,  j’étais donc seule. En entrant dans la salle, je me souviens avoir souhaité une pause; j’aurais voulu arrêter le temps, je trouvais que tout allait trop vite, je n’arrivais pas à réaliser chaque instant. 
J’avais froid, je tremblais, beaucoup de personnes s’occupaient de moi et je perdais un peu le fil de ce qui se déroulait. J’avais des contractions bien présentes et j’avais l’impression d’être dans un rêve. Tout semblait irréel, tout était hors de mon contrôle. 
Je me souviens que c’est à ce moment que j’ai commencé à avoir peur, le moment où  je me suis dit que j’aimerais que tout arrête, mais en même temps j'avais hâte que ça finisse. 
En fait, j’avais hâte que ton papa revienne me tenir la main, je me sentais bien seule avec tous ces étrangers, très professionnels mais peu réconfortants. On ne m’expliquait pas vraiment ce qui se passait et j’aurais aimé avoir plus d'informations sur le déroulement; j’étais dépassée par les événements, tout allait très vite... tous ces gens autour de moi qui s'appliquaient à leurs tâches... J'avais tant besoin d’être rassurée. 
Quand ton médecin est arrivé et m’a dit que tout allait bien et que ton papa serait bientôt là,  je me suis laissée un peu aller. Quand il est entré et est venu s’asseoir près de moi, je me souviens m’être abandonnée. 
J’avais moins de tensions et j’étais plus calme. 
Ton papa semblait aussi être dépassé, j’arrivais à le voir dans ses yeux. Je ne pouvais voir que son regard puisqu’il était habillé d’un costume stérile, un masque et un chapeau. Je voyais dans ses yeux qu’il était inquiet et impuissant face à la situation. Sa présence me rassurait beaucoup, je pouvais le laisser suivre les événements à ma place. 
La rachi-anesthésie étant faite, je ne sentais plus les contractions, je ne sentais plus la douleur, j’étais consciente de mon corps mais tout ce qui se passait en bas de mes seins n’existait plus. J’avais une légère sensation, j’étais consciente que l’on bougeait mes jambes par exemple. Au moment où j’allais demander à  ton papa si la chirurgie était commencée, j’entendis crier  qu’il était 5h15 du matin. 
Juste un seul cri. Ton papa te regardait avec ses yeux plein d’eau, je n’oublierai jamais son regard sur toi. Ce regard voulait dire que tout allait bien et que tu étais maintenant la personne la plus précieuse dans sa vie.

 Le docteur a dit à ton papa de me dire « c’est quoi…? », mais ni lui ni moi ne comprenions ce qu’elle voulait dire. Elle ajouta donc : « mais dis- lui le sexe ».  Il m'appris alors que tu étais une fille, une pupuce d’amour.
  
Ton arrivée fût l’éveil des sens. Je t’ai entendu crier, quelques cris qui voulaient dire: « Mais qu’est-ce qui se passe ?». Ensuite tu m’as regardée. Nous nous sommes regardées profondément et je n’oublierai jamais ce regard. 
Tu semblais si calme et rassurée. Ils nous ont mis joue contre joue et nous  nous sommes alors touchées et senties. 
Je t’ai chuchoté à l’oreille: « t’es belle ».  Enfin nos sens étaient comblés. 
Pour la première fois de ma vie j’ai pleuré de joie et je me souviens m’être dit que je devais retenir ce moment que je vivais, ce trop plein d’émotions, cette vague de bonheur où la terre semble arrêter de tourner. Je savais maintenant que je sacrifierais ma vie pour toi. 

J’avais vécu la déception due à la césarienne car je savais que je ne pourrais te prendre dans mes bras dès ton arrivée. Finalement,  le simple joue contre joue et l’échange de regards me comblaient. 

Tu avais l’air tellement bien, calme que j'ai senti que tu pouvais m’attendre encore un peu. Tu ne semblais pas perturbée du tout. Au contraire, tu semblais avoir choisi d’être là et heureuse de l’être. 
Tu pouvais maintenant aller avec papa, celui dont tu connaissais la voix et le toucher. Il  était si fier et excité de prendre la relève jusqu’à ce que je revienne à tes cotés! Il était beau à voir. Il a fait le papa kangourou,  il t’a mis contre son ventre pour te garder au chaud. Tu étais calme et en paix. Tu lui as d’ailleurs fait plusieurs sucettes parce que tu cherchais désespérément à boire...

Pendant ce temps, j’étais à nouveau seule avec le personnel de la salle d’opération mais je n’avais plus peur, puisque je n’avais qu’à fermer les yeux pour revivre ces moments tout juste passés et trouver la paix. J’oubliais que j’avais froid, j’oubliais les tremblements, j’oubliais mon inconfort, tout ça était superflu. 

J’étais calme et fière, fière d’avoir vécu cette opération d’urgence où  tout se bousculait, où tout me dépassait et ce, après avoir passé une partie de la nuit à avoir des contractions aux deux minutes. J’étais épuisée, complètement vidée mais fière de nous. Après la salle de réveil, une fois de retour dans ma chambre, papa est venu me rejoindre avec toi dans ses bras. Vous sembliez vous connaître déjà depuis des lunes. Papa était au naturel ton papa. Je t’ai mis alors proche de mon sein et tu as commencé à boire. On aurait dit qu'on avait toujours fait ça, tout était naturel, naturel comme l’amour entre toi et moi.

L’accouchement est sans contre dit le moment le plus intense de ma vie, le moment hors de mon contrôle mais celui dont je suis le plus fière. Selon moi, peu importe le chemin que l’accouchement prend une chose est sûre c’est que l’on est toujours fière de soi. »

Merci Mélanie pour ce touchant partage.

dimanche 27 mars 2011

Femmes et sorcières.

Je suis enveloppée depuis longtemps déjà de tout ce qui touche les femmes et leur histoire. 
Je me suis penchée longuement sur la maternité, du point de vue d'une femme dans notre société en l'an 2000. Performance, productivité et maternité sont-elles compatibles? Médecine conventionnelle et plantes médicinales, savoir ancestral des femmes pourront-elles se côtoyer un jour sans retenue?

L'histoire, on le sait, parle peu des femmes, vivant dans l'ombre, souvent encore exploitées, abusées, ignorées et pourtant porteuses de l'humanité (1). Je suis touchée chaque fois que je plonge dans une histoire qui me rappelle plus ou moins douloureusement que l'époque change mais l'histoire des femmes se répète: Florentine, dans «Bonheur d'occasion»(2), Léonie et Flavie, «les accoucheuses»(3), «sorcières, sages-femmes et infirmières»(4) ...ou le magnifique texte de Anne Sylvestre repris par Jorane «une sorcière comme les autres».

Alors j'ai essayé de trouver une voie d'expression du féminin: laisser émerger de l'intérieur la force qui sera transformatrice de notre vécu. 
Après un accouchement vécu dans l'écoute totale de cette force, de cette intuition qui me guidait, il m'a fallu plusieurs années pour l'intégrer: comme si cette force me faisait finalement peur! 
Pourtant, c'est une force tranquille, une force d'amour, une  force que rien ne peut ébranler et que même, dans l'oppression et l'isolement, les femmes ont su garder en donnant la vie, en aimant dans les pires conditions leurs enfants, en les soignant avec leur coeur.

Cette force nous habite toutes;  nos fils et nos filles peuvent être guidés dans la conscience de cette force qui nous relie et qui peut transformer le monde. 








1 . Porteuses d'humanité, livre collectif dirigé par Geneviève Young, éditions de l'être, 2011
2. Bonheur d'occasion, Gabrielle Roy, édition Boréale, 1993
3. Les accoucheuses,Anne- Marie Sicotte, vlb éditeur, 2006 (tomes 1,2,3)
4.Sorcières, sages-femmes et infirmières, Barbara Ehrenreich et Deirdre English, les éditions du remue ménage, 1978

dimanche 6 mars 2011

Le temps d'un AVAC.


Pour son premier accouchement, Mia a un travail plutôt facile, des contractions  peu douloureuses et elle se complète en moins de 7 heures. Tout se passe la nuit, à l'hôpital, et l'infirmière qui s'occupe d'elle est très présente et supportante. A huit heures du matin, le bébé est tout proche de naître. Son quart de travail se terminant, l'infirmière part confiante, certaine que la naissance est imminente. Mia se retrouve seule, car la nouvelle infirmière est occupée avec ses papiers. Elle ne sait plus comment pousser, elle panique, se sent seule...le médecin essaie les ventouses, le bébé ne sort pas, il semble souffrir et Mia est découragée et épuisée. Son bébé naîtra par césarienne.
Son deuxième enfant se présente quelques années plus tard. Elle désire un AVAC mais ne veut pas revivre la même situation qu'au premier, avec le manque de support à la fin.
Avec son conjoint, ils réalisent que le parcours pour se rendre sereinement au terme d'un AVAC est loin d'être gagné d'avance. Plus les semaines passent, plus une pression discrète mais réelle s'installe. Les médecins de l'équipe, qu'ils rencontrent à tour de rôle, sont parfois rassurants et confiants, parfois inquiétants. En fin de grossesse, ils reviennent sur les risques de l'AVAC, déjà évalués des dizaines de fois. Mia et son conjoint ont lu les études, les recommandations de la SGOC et ont fait un choix éclairé. Ils savent qu'il y a des risques dans les deux cas: lors d'un AVAC mais aussi lors d'une césarienne. Pourquoi ne leur parle t'on que des risques de l'AVAC? 
Mia a compris que tout réside dans la CONFIANCE et la CONVICTION. Et sa conviction va être mise régulièrement à l'épreuve au cours des dernières semaines. Et si je dépasse mon terme? Et si ça ne marche pas? Et si.....Comment oser accoucher avec tous ces SI? La confiance et la sécurité sont les bases d'un accouchement. Le doute vient ébranler ces bases.

Nous avons beaucoup parlé, après chaque visite médicale, pour revenir dans leur choix, dans leur désir d'accompagner leur enfant, sans attente irréaliste. Tout simplement vivre les contractions, laisser les processus se faire et accompagner ce bébé à leur rythme, dans la paix et la confiance. 

Mon support inconditionnel de leur désir d'accouchement a été le gardien de leur confiance à tous les deux. La dilatation a été plus longue qu'au premier, le bébé est resté très haut et ne semblait pas pressé de descendre dans le bassin...Et puis quelque chose s'est transformé: les contractions se sont rapprochées et sont devenues plus fortes, Mia s'est détachée de tout ce qui se  passait autour d'elle et elle s'est connectée à son bébé, a visualisé son passage et très rapidement, à la surprise générale, le parcours s'est complété. Elle choisit ses positions, s'écoute, forte et émouvante. Heureusement, personne n'a verbalisé de doute cette journée là.

Chaque duo mère-enfant écrit sa propre histoire. Quelque soit l'issue de l'accouchement, seul un support inconditionnel  permet à la mère de s'abandonner en toute sécurité.
Le stress, les limites et les ultimatums avant et pendant un AVAC font des ravages.

Observer sans inquiéter, accompagner sans stresser.

Dans les Laurentides, j'ai la chance d'avoir à mes côté une équipe d'accompagnantes  disponible. Ces femmes extraordinaires sont prêtes à accompagner les femmes qui désirent protéger leur environnement et se sentir en sécurité lors de leur accouchement.
Il y a aussi l'organisme Avac-info www.avac-info.org à Montréal qui offre support et information aux femmes désirant un AVAC.

samedi 19 février 2011

Espace Ô Féminin

Il y a quelques mois, j'écrivais un texte pour célébrer le féminin, la puissance et la beauté de la femme à redécouvrir par la femme elle-même. Dans notre ère de domination des valeurs de performance, de rentabilité, de rapidité, quelle place laissons-nous à l'intuition, au senti, aux émotions, au rythme du temps? 

Depuis des décennies, ce qui fait la force du féminin: l'intuition, la sensibilité, la naissance, l'accueil, l'accompagnement,  a été relégué au second plan des priorités. 

Pourtant, les femmes assurent la mise au monde des enfants, les allaitent, les soignent, les guident depuis toujours. Elles ont accès à ce contact intime, au creux de leur ventre qui les rend plus à l'écoute des autres.
La transmission de génération en génération de cette spécificité féminine, des connaissances et des rituels qui  les accompagnent ont  disparu peu à peu dans notre société occidentale.

Alors, faute de se relier à un sens profond de ce qui arrive, les femmes se sont tournées vers l'extérieur, coupées de leurs sensations. 
C'est ainsi que les passages ont été réduits à des bouleversements hormonaux qu'il faut contrôler, à des symptômes qu'il faut calmer ou prévenir, à des douleurs qu'il faut éviter à tout prix.

Lorsque j'ai donné naissance à mon fils il y a 15 ans, sans être dérangée, sans personne qui me disait quoi faire ou me faisait peur, j'ai touché cette force en moi et cette confiance en mes sensations. J'étais guidée, totalement à l'écoute de la puissance de cette vie qui prenait place à travers moi. Comment en parler par la suite à ceux qui   ont tenté de minimiser cette expérience?

De nombreuses années plus tard, j'ai rencontré une femme, Ginette, qui est maintenant devenue une amie et qui a réveillé cette parcelle de moi endormie. Elle porte cette énergie féminine tranquille et forte à la fois. Sa confiance et sa présence à la vie m'ont permis de recontacter la force et la confiance que j'avais touchées pendant mon accouchement.

Avec elle est né le projet de créer un espace de rencontre Ô Féminin: deux jours entre femmes pour se redécouvrir, faire la paix avec nos histoires, comprendre nos transformations, intégrer nos épreuves. Ensemble, nous pouvons contacter notre force, laisser émerger notre propre parfum. Tenter de comprendre les passages importants que nous vivons et surtout, nous épanouir par la création.

J'anime donc cet atelier avec Ginette Forget les 2 & 3 avril 2011 à St Adèle, dans les Laurentides au Québec. Nous serons aussi en Europe fin mai - début juin 2011 (Aix en Provence, Paris et Genève) avec cet atelier et d'autres activités.
Vous pouvez la découvrir par son blog   http://ginetteforget.blogspot.com/