La maternité, une aventure extraordinaire...


J'ai consacré de nombreuses années à tenter de mieux comprendre le passage de la naissance. J'ai préparé et accompagné de nombreux couples pour la naissance de leur enfant.
Peu à peu, j'ai élargi ma réflexion au vécu des femmes au cours de leurs différents passages: puberté, âge adulte, maternité, ménopause. Il est très intéressant pour les femmes de mieux comprendre ces passages de vie transformateurs et la puissance des hormones qui interagissent au cours des cycles.

Il y a eu la naissance du Centre Pleine Lune il y a déjà plus de 5 ans puis l'émergence tranquille de Ô Féminin, espace de rencontre avec la force du Féminin.

Isabelle Challut






jeudi 23 juin 2011

Chaque enfant écrit sa propre histoire de naissance.

Josiane nous partage son vécu après 3 accouchements à l'hôpital. Merci pour se beau témoignage
Isabelle
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Voici l’histoire des plus beaux instants de ma vie.

 J’ai longtemps pensé que mon 1er accouchement avait été naturel, mais au fil du temps, de mes lectures, des discussions et des préparations aux autres accouchements, j’ai réalisé qu’il n’avait pas été tout à fait naturel. Non, je n’ai pas eu d’épidurale. Mais je sais maintenant que des interventions qui m’ont été proposées et qui semblaient très anodines ou banales, ne l’étaient peut-être pas vraiment. 
J’ai appris aussi que la moindre petite intervention voire interaction a des conséquences sur le déroulement d’un accouchement. Évidemment, on n'a jamais l’occasion de revivre deux fois le même accouchement pour vérifier l’impact réel d’une intervention.

Ma fille est née après 26 heures de travail intense. Dès la première heure, mes contractions durent 45 secondes et reviennent toutes les 5 minutes. Après quelques heures à la maison, nous nous rendons à l’hôpital pour apprendre que le col commence seulement à s’effacer. On est loin du 10 cm requis… Mais en bonne élève que je suis, je me centre sur moi et ne regarde pas les heures passer, tel qu’on nous l’avait conseillé dans les cours de préparation. 
Ces longues heures, je les vois plutôt sur le visage de mon conjoint qui devient de plus en plus inquiet et je les sens dans la voix angoissée de ma mère. Je présume que je dois faire quelque chose pour accélérer le travail à cause du médecin qui me propose depuis quelques heures de crever les eaux. Ce que j'accepte finalement… et que je ne referais pas! Mon conjoint veut savoir ce qui se passe pour que ce soit si long. On le rassure (enfin, on essaye!!!) en lui disant que tout va bien et que le cœur du bébé bat bien.
Je reçois pendant la nuit quelques (3 ou 4) doses de calmant, pour en arriver à n’avoir presque plus de contraction. Le bain n’aide en rien car le travail ralentit. Cela me donne un répit, mais là encore, je ne me permets pas ce répit car je ressens beaucoup d’inquiétude, de fatigue et d’angoisse autour de moi. 
Et maintenant, je sais que je suis sortie du bain en espérant que le travail reprenne. 
Mes parents et ma belle-mère sont déjà à l’hôpital, ce qui n’avait pas été prévu. L’ anesthésiste  passe quelques fois me demander si je ne change toujours pas d’idée et m'annonce à un moment donné que c’est ma dernière chance car il ne reviendra pas avant 7h00 du matin!
J’y  songe sérieusement… mais je refuse! Aux petites heures du matin, on me donne du pitocin. Je ne contrôle plus rien. Je ne sens plus rien. L’infirmière m’indique le meilleur moment pour pousser. 
La poussée dure 3 heures! Je me rappelle que lorsque je veux hurler ma douleur, je pense à mes parents de l’autre côté de la porte qui doivent s’inquiéter, à mon conjoint qui a si hâte que le travail se finisse pour être rassuré. 
Jamais, je n’ai senti que ça poussait tout seul comme de nombreuses femmes m’avaient déjà dit. Puis, on me dit finalement que la tête de mon bébé est proche, mais mal positionnée (en postérieure). C’est lorsque le médecin réussit à la faire bouger que le col passe de 8 à 10cm en quelques minutes , après être resté des heures à 7cm. 
Le médecin me dit aussi que je vais ressentir une sensation de brûlure dans mon vagin et que ce sera le meilleur moment pour pousser… puis il me propose le bloc honteux pour éviter cette sensation désagréable... Ne vient-il pas de me dire que la douleur m’indiquerait le bon moment pour fournir un maximum d’énergie? 
Je veux sentir ce moment… puis, je vais chercher mon enfant pour enfin l’accueillir dans mes bras.  Il est 8h14, l’atmosphère est paisible, douce et calme. 
Faire face à l’inconnu, sans attente, est ce qui m’a permis de passer sereinement à travers cet accouchement. 
Je n’étais pas très inquiète car je n’avais pas d’autres points de repère que ce que j’étais en train de vivre avec mon bébé. Je sais maintenant qu’il y avait trop de monde autour de moi, trop d’émotions qui m’empêchaient un peu de vivre pleinement les miennes. 
Je suis toujours éblouie en pensant à toute l’énergie qui est revenue au moment où j’ai pris mon enfant dans mes bras. Cet accouchement aura toujours à mes yeux quelque chose de magique… Au moment de la naissance… j’étais enfin dans ma bulle avec ma fille et son papa!

Enceinte de mon 2e enfant! Je suis décidée à faire un grand bout de travail à la maison puisque je n’habite qu’à 10 minutes de l’hôpital. C’est précisément ce qui arrive. J’ai des contractions facilement endurables tout l’après-midi et durant l’heure du souper. Vers 17h30, je suis certaine que le travail est bel et bien commencé! 
Je continue à m’occuper de ma fille et de lui parler. Je me balance debout. Puis je prends un bain et me retire dans ma chambre pendant que mon conjoint s’occupe de notre fille, de la préparer pour aller au lit, car grand-maman s’en vient. 
 Ces instants vécus seule avec mon bébé à naître sont magiques; je lui parle, regarde mon ventre se déformer dans le miroir… je danse presque au rythme des contractions, m’accroupis, me berce… Il ne me vient jamais à l’idée de compter le temps et la durée des contractions. 
Elles font mal, mais sont si bonnes à la fois car je sens que mon enfant descend.
Le 1er accouchement avait été si long… Je suis soudainement surprise par une contraction beaucoup plus intense que les autres. Je sors de la chambre et je demande à ma mère qui vient tout juste d’arriver, d’appeler l’hôpital pour annoncer notre arrivée. Je me souviens m’être agenouillée par terre en disant à mon conjoint, on dirait que ça pousse! ( je n’avais jamais senti cela en accouchant de ma fille). J’ai hâte d’être à l’hôpital pour retrouver un certain calme. 
Je suis loin de me douter que je suis à 7 cm de dilatation et que 10 minutes plus tard le col sera complètement ouvert, le temps que mon conjoint retourne stationner la voiture et faire mon admission.
Le médecin arrive à la course, m’annonçant qu’un stagiaire arrive bientôt (je ne veux pas le voir là, mais ne veux pas non plus être obligée de le dire et me déconnecter de mon bébé). Les infirmières ne  sont pas prêtes pour recevoir une patiente sur le point d’accoucher. 
Après un travail magique et intime à la maison, la venue de mon bébé se passe tout autrement : il reste bloqué aux épaules… alors l'équipe stresse pour sa sortie. Et lorsqu'enfin mon bébé est sur moi… on m'annonce qu'il manque une partie du placenta… alors, le médecin doit  aller chercher ce fameux morceau... à froid! (ouch!) 
C’est tellement douloureux que je veux que mon conjoint prenne le bébé car j’ai trop peur de lui faire mal. Mon bébé est né mais je ne suis pas calme, je crie encore pour maîtriser la douleur. Je m’excuse sans cesse à mon bébé de le recevoir dans cette ambiance. 

Ambiance qui a mis du temps à être tamisée et douce. Il est minuit, l’équipe vient de changer. Une infirmière qui n’est pas régulière se plaint de l’équipe précédente et s’acquitte de ses tâches en disant tout haut ses frustrations. J’aurais tant voulu être à la maison avec mon bébé… et ma grande fille que mon conjoint est allé rejoindre afin de la rassurer. 
Cet accouchement a été rapide, mais j’étais beaucoup moins sereine pour accueillir mon bébé que lors de mon 1er accouchement. Et je me demande toujours comment ça se serait passé si j’avais pu accoucher à la maison et éviter de me déplacer vers l’hôpital au moment où je devais plutôt continuer de me centrer sur mon bébé…

23 décembre 2010… je le sais déjà… mais le test le confirme : je serai maman une 3e fois. Wow! Cette fois, je sais ce que je veux et surtout ce que je ne veux pas! Dilemme toutefois : devrais-je faire mon travail le plus longtemps possible à la maison et risquer de partir trop tard pour l’hôpital ou me rendre tranquillement à l’hôpital et y installer mon petit nid dès que je sens le début du travail?
 Je réalise le  plaisir que j’ai eu, seule, à vivre les contractions avec mon 2e bébé, dans ma chambre sans personne autour et je conviens qu’il y a eu beaucoup trop de gens autour de moi durant mon 1er accouchement. 
Je sais que je veux être dérangée le moins possible! J’ai tant aimé l’expérience du travail en symbiose avec mon 2e enfant. Comme si j’étais dans un monde parallèle… que j’avais dû quitter trop brusquement pour me rendre à l’hôpital, pour avoir mal, peur et encore mal! 
Évidemment, je suis aussi préoccupée par mes deux autres enfants. Je suis résolue à quitter la maison assez rapidement, pour me rendre tranquillement à l’hôpital, saluer mes enfants et avoir le temps de leur dire combien je les aime, que l'on se reverra avec le bébé. Je veux qu’ils voient une maman heureuse et rassurante partir pour cet accouchement. 
Et bien, la vie m’a rappelée que chaque naissance nous amène à faire face à l’imprévu et mème l’inconnu même s’il s’agit de la troisième grossesse. 
3 semaines avant la date prévue, je commence à avoir de bonnes contractions. Je dois même parfois m’arrêter. Je suis alors certaine que le travail va commencer… mais il ne se déclenche jamais vraiment. Je suis si certaine d’accoucher en avance à cause de ces contractions que j’ai l’impression d’être ‘en retard’ sur ma date, alors que tout se déroule parfaitement bien. Et le comble : à 38 semaines, alors que je dis tout bonnement au médecin que j’ai hâte de voir mon bébé, elle me propose un « stripping ». Je refuse mais me demande si je devrais le faire au prochain rendez-vous si le bébé n’est pas né. J’ai peur que mon bébé soit trop gros. Mon 2e enfant est resté coincé aux épaules… 
Après m’être renseignée, je choisi d’attendre mon bébé à l’heure à laquelle il sera prêt. 
Je dois déjà, comme maman, apprendre à le connaître et l’aimer comme il est sans chercher à tout contrôler. Puis, je décide de profiter de ces derniers instants en symbiose avec lui… et il naît 2 jours passés la date prévue. 
J’ai des contractions un peu plus fortes au milieu de la nuit aux 15 minutes, puis aux 30 minutes. En avant-midi, les contractions deviennent très irrégulières en intensité et en durée. Nous décidons de partir quand même vers l’hôpital. Je prends le temps de me préparer et parler à mes enfants dans le calme. À l’hôpital, le médecin m’annonce que je suis à 5cm et demi, mais que le travail actif ne semble effectivement pas commencé. Elle propose alors que je reste une heure à me promener autour et de revoir si le travail déclenche vraiment avant de me retourner à la maison! 
Elle propose aussi un stripping que cette fois j’accepte. 10 minutes plus tard, les contractions se font très fortes, même incontrôlables… je regrette presque d’avoir accepté cette intervention. Mais, j’y suis, je suis prête à accoucher! Je vais dans le bain. À peine quelques contractions plus tard, je sens que ça pousse. On est à 7 et demi… une contraction de plus… je sens que le bébé avance, l’ouverture est complète, il faut que je sorte du bain! 
Je me retiens de m’élancer à 4 pattes car je sais que le bébé serait venu ainsi. Je le sentais si bien descendre. Une fois retournée sur le lit, 2 ou 3 poussées… 
Il est là dans mes bras, mon bébé, à 13h09… une heure après mon arrivée à l’hôpital. Ouf! Encore une fois, je ne l’aurais pas cru. Mon petit cœur a passé 3 semaines à faire des petits bouts de cheminement pour me laisser une seule heure de douleur… intense! 
J’ai accueilli mon bébé… j’avais l’impression d’être avec une « gang » d’amies, même si j’étais seule avec mon conjoint. L’atmosphère était amicale, je connaissais une infirmière, l’autre infirmière m’avait épaulée durant mon séjour avec mon 2e bébé, elle était très maternelle et le médecin était une jeune femme dynamique et souriante. 
Après 3 accouchements, le personnel m’était un peu familier. L’accouchement ayant été court, je n’étais pas trop épuisée! Je savourais chaque instant en me disant que c’était les plus beaux instants qu’une femme pouvait vivre… Je les appréciais car ce serait probablement mon dernier bébé.

Aujourd’hui, je me rends compte que déjà mes enfants me laissaient entrevoir un brin de leur personnalité à travers l’histoire de leur naissance. Plus je pense à leur façon d’être venus au monde, plus je les aime!


Josiane





















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