La maternité, une aventure extraordinaire...


J'ai consacré de nombreuses années à tenter de mieux comprendre le passage de la naissance. J'ai préparé et accompagné de nombreux couples pour la naissance de leur enfant.
Peu à peu, j'ai élargi ma réflexion au vécu des femmes au cours de leurs différents passages: puberté, âge adulte, maternité, ménopause. Il est très intéressant pour les femmes de mieux comprendre ces passages de vie transformateurs et la puissance des hormones qui interagissent au cours des cycles.

Il y a eu la naissance du Centre Pleine Lune il y a déjà plus de 5 ans puis l'émergence tranquille de Ô Féminin, espace de rencontre avec la force du Féminin.

Isabelle Challut






jeudi 27 janvier 2011

Développement des Maisons de naissance au Québec

Deux messages en une journée mais ce vidéo est trop important pour attendre de le diffuser!
Il témoigne de la situation des Maisons des Naissance, du travail des sages femmes et de la demande des femmes.


Rencontre des médecines.

Infirmière depuis plus de 20 ans, j'ai pu observer les limites de la médecine conventionnelle. Curieuse, j'ai commencé assez jeune à explorer d'autres approches pour tenter de comprendre comment maintenir une bonne santé, comment être plus sereine et surtout avoir moins peur de la maladie et me sentir plus autonome. 

Et puis j'ai  pris le temps de regarder  ce qui se passe ailleurs, dans d'autres cultures: tout le monde ne se soigne pas de la même façon et toutes les sociétés ne font pas les mêmes choix. 

Je suis plus spécialisée au niveau de la naissance et j'ai souvent cité les Pays Bas où l'accouchement est considéré comme étant un processus physiologique. Les naissances à domicile avec une sage femme y sont favorisées. Ainsi, plus 30% des femmes donnent naissance chez elles, 85% des sages femmes travaillent en libéral. Le taux de césarienne était de 13,6% en 2002 (1). Le taux au Canada était en 2001 de 21,2% et en 2010 de 26% (2). 

Au Québec, les sages femmes ont vu leur pratique légalisée il y a quelques années mais elles sont encore limitées aux maisons de naissance et il n'y en a que 8 au Québec! Le discours officiel défend encore la soi disant sécurité de l'accouchement en milieu hospitalier et les sages femmes restent très méconnues du public.

Pour les soins de santé, c'est la même chose: on privilégie les médicaments chimiques, même si les études laissent souvent à désirer, si les très puissantes compagnies pharmaceutiques ont le monopole, font leurs propres études et vendent leurs produits à nos gouvernements avec des profits de plusieurs milliards!
Parallèlement,  les plantes sont souvent présentées comme dangereuses et inefficaces en même temps...

Des entreprises, des herboristes, des thérapeutes travaillent très fort pour prouver l'efficacité et l'innocuité des plantes. Des professionnels issus du milieu médical, que ce soit des infirmières, des médecins, des chercheurs se questionnent et osent  découvrir ces approches complémentaires à notre médecine conventionnelle. 
J'ai moi même intégré dans ma vie certains outils dont le yoga, l'antigymnsatique, la méditation, les plantes médicinales et l'ostéopathie.
J'ai constaté leur apport indéniable dans la santé de ma famille:  en travaillant en PRÉVENTION mais aussi dès qu'un DÉSÉQUILIBRE survient, nous évitons souvent que ça dégénère et que la maladie s'installe. C'est très simple, il suffit d'apprendre à S'ÉCOUTER,  à se faire CONFIANCE et reconnaître lorsqu'on est en déséquilibre. 

Il n'y a pas de remède miracle. Sinon il serait déjà commercialisé! 

Mais cette prise de conscience personnelle, cette RESPONSABILITÉ de ce qui nous arrive nous permet de nous prendre en charge et de choisir les outils les moins dommageables pour notre corps et notre santé.

J'ai étudié l'herboristerie qui est un savoir ancestral présent sur tous les continents: c'est la connaissance globale des plantes et des herbes de notre territoire. J'ai ainsi découvert au fil des années des alliées très puissantes que je garde précieusement à mes côtés. Parallèlement, la médecine nous offre des outils diagnostiques, des soins d'urgences et chirurgicaux merveilleux que nous ne pouvons pas renier.

A quand le grand mariage entre ces savoirs si complémentaires?

Je suis en lien avec plusieurs thérapeutes, médecins qui travaillent dans ce sens.
Marie Provost, de la Clef des Champs, collabore avec Santé Canada pour la reconnaissance des plantes. C'est un travail colossal qui est effectué par elle et son équipe.
Avec un groupe de professionnels de la santé et de thérapeutes, nous organisons le salon «Santé & Bien-Être» le 18 février 2011 à St sauveur dans les Laurentides pour présenter nos approches et notre vision de la santé. Il y a entre autre le Dr Joël Monzée, chercheur en neurosciences et psychothérapeute qui a beaucoup travaillé sur le ritalin et  les soins des enfants atteints de troubles de comportement.(3)
Christine Angelard est aussi une personne ressource dans ces processus d'ouverture: médecin en France , elle est devenue thérapeute en santé globale sans renier la médecine mais en mettant l'accent sur la prévention et le support dans la maladie avec différents outils. Je l'invite dans notre région du Québec, à Ste Adèle, à donner un atelier:
« Les 5 piliers de la santé» les 9 et 10 avril 2011 (4).

Rien n'est acquis, nous devons garder notre liberté de choix en santé et rester responsable de notre santé.


Sites de références


jeudi 13 janvier 2011

Rencontre à 8h44.

Voici le témoignage d'Annie, de sa césarienne puis de son AVAC. 


«Je m'appelle Annie et j'ai vécu deux accouchements complètement différents.Voici notre histoire.
C'est avec du recul que j'ai pu comprendre ce qui a bien pu se passer pour que j'en arrive, moi, à vivre une césarienne.
Une simple peur qui aurait pu être désarmorçée par une personne-ressource...
Évidemment, je n'étais pas préparée à vivre ça... 
La seule chose que je m'étais dite, est que, si ça arrivait, ce serait pour la survie de mon enfant dans une circonstance qui l'obligerait.
Ceci ayant été dit et compris, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps pendant l'heure qui a suivie... seule...
Après avoir vécu en symbiose avec mon bébé pendant neuf mois, on me l'a présenté en un quart de seconde sur mon épaule et on l'a emmené.
Même en la sachant avec son papa, peau à peau et en me persuadant que c'était précieux pour lui aussi, je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'il était atrocement injuste d'avoir été privée de cette première heure si importante. Cette rencontre que j'avais visualisée tant de fois en hypnose. Celle qui, apparemment, estompe la douleur... arrête le temps... et grave dans le coeur des parents, cet instant de magie.
C'est lors de ma 4ème journée à l'hôpital que j'ai rencontré Isabelle qui était infirmière à ce moment-là. 
Je me rappelle lui avoir demandé:" Mais, ou étais-tu? "

Enceinte de mon deuxième enfant, l'idée d'avoir le service d'une doula était pour moi essentielle mais j'ai quand même tenu à laisser Mike y réfléchir quelques temps.
Il craignait qu'une tierce personne puisse nuire à notre intimité ou même nuire à la qualité de sa présence...
Il n'a jamais regretté sa présence ni son assistance. Même pour lui, elle était rassurante et ce, malgré la barrière de la langue...
À chaque visite médicale, on me rappelait les risques de l'AVAC.  Même dans la chambre d'accouchement, le médecin a essayé de me les rappeler! Je crois que sur mon visage, il a pu lire: "Sacrez moi patience avec vos foutus chiffres..." 
J'ai refusé d'aller à Ste-Justine à la clinique de recherche pour la mesure de la cicatrice utérine; je n'ai pas fait le test pour connaître le poids estimé de bébé à la naissance et je ne me suis pas présentée pour le test de glucose... Nous étions bien informés des POUR et des CONTRE, nous sommes des adultes responsables, des parents dévoués et malgré cela, je me suis fait sermonner par un des docteurs qui n'avait toujours pas compris  à quel point une femme enceinte a les émotions à fleur de peau. Je suis sortie du bureau les épaules tombantes comme prise en faute, toute envie de combat voulant m'abandonner. 
Un simple coup de fil à Isabelle m'a permis de prendre du recul, de réévaluer nos décisions et m'a redonné du vent dans les voiles.
Après chaque rendez-vous médical, je m'entretenais avec elle et ça me permettait d'avoir un autre point de vue médical et aussi personnel, venant d'une femme ayant vécu ce parcours.... qui me rassurait sur mes convictions.

Pendant une semaine après avoir perdu le bouchon muqueux, j'ai eu des contractions, des sessions d'acupuncture, pris des potions magiques, fait tous les trucs de grand-maman... Je me sentais toujours sur le seuil de la porte... J'ai réalisé que j'étais inquiète de la garde de ma fille.. Nous avions des plans A, B et C mais....j'avais toujours en tête, mon scénario idéal pour que l'évènement se déroule sans trop de dérangements dans sa routine... C'est en réalisant que mon plan parfait pour la fin de semaine n'aurait pas lieu, que je me suis couchée dimanche soir en me disant: "Advienne que pourra"
Lundi matin, je me suis rappelée ce qu'étaient de VRAIES contractions.. Oouch!

Toute l'avant-midi, j'étais en contact avec Isabelle pour la garder au courant de la progression. 
Je ne voulais pas partir trop vite, ni trop tard. Elle m'a rassuré beaucoup à ce sujet.
À chaque contraction, je me suspendais aux marches de l'escalier; je fermais les yeux et parlais à mon bébé: "Tout est en place, on est prêt, on a hâte de te rencontrer... Sois sans crainte, papa et maman seront là pour te cueillir... Je vais être avec toi tout au long de ton chemin... Viens..."
À l'hôpital, Isabelle a été un ange. Sa voix rassurante me ramenait dans mon corps avec mon bébé.Sa seule présence était une force inspirante. Merci encore.
L'ouverture du col s'est faite graduelle, constante, à un rythme qui m'a permis de garder le contrôle sur mes respirations.
J'ai valsé entre différentes positions, la plupart en étirement. Ça été mon épidurale.
Lors de la poussée, j'ai eu connaissance de l'arrivée de mon médecin et de 2 infirmières (je pense) mais je n'entendais que les voix de mon amoureux et d'Isabelle qui ont su me dire les mots, les bons. Ils avaient été avec moi sans jamais me laisser seule dans cette chambre, du début et ce, malgré les changements de chiffre....jusqu'à 8h44... heure de la rencontre tant attendue...que j'avais visualisée encore et encore.

C'est ma main sur son sexe qui m'a permis de réaliser que j'avais réussi, tout naturellement, à mettre au monde mon garçon!!
Ça fait aujourd'hui 10 mois que, tous les jours ou presque, je regarde l'heure, au moment précis de sa naissance. 8h44...
Merci Isabelle.
Merci Nathalie.»
Merci Annie. Le témoignage d'une femme, de son vécu est très important pour encourager d'autres femmes et leur conjoint à choisir leur accouchement. 

samedi 8 janvier 2011

Solutions locales pour un désordre global

J'ai assisté hier soir au visionnement du film de Coline Serreau. Ce qui m'a frappée dans ce documentaire qui dresse un constat catastrophique de notre lien avec la Terre, de notre acharnement à produire et à détruire   les sols, est la similitude avec la situation des femmes qui accouchent à notre époque.

Michel Odent en parle depuis longtemps mais hier soir, pendant le film, j'étais attérrée par nos choix de société déshumanisés et finalement, comme le dit M.Odent notre «incapacité d'aimer».
La naissance est devenue un passage hyper contrôlé, avec énormément d'interventions, de drogues utilisées pour accélérer, soulager, déclencher...on ne fait plus confiance à la nature et à la capacité des femmes de donner la vie. 

L'agriculture qui s'est développée depuis 50 ans a privilégié l'utilisation massive de pesticides, d'engrais (issus de l'industrie de la guerre) pour produire plus sans analyser les conséquences : la destruction des sols, l'impact sur la santé des humains et des animaux.
Un des intervenants dans le film constate : «on fait de la gestion de problèmes et non de l'agriculture».
Dans nos unités d'obstétrique, on gère aussi les conséquences des interventions multiples plutôt que faciliter la physiologie de base.

En Inde, au Brésil, En France et dans de nombreux pays, des agriculteurs ont décidé, malgré les pressions, parfois les poursuites, de choisir une agriculture biologique  respectueuse de la nature; leur production est toujours aussi bonne, voire meilleure, avec une terre qui ne s'épuise jamais, les animaux et la forêt unis au processus de production. Tout est inter-relié et utile dans la nature et la compartimentation nuit aux processus.
Voici ce que dit un de ces pionniers du biologique: «On traite la Terre comme les femmes: les deux sont fertiles et on cherche à les contrôler!»
Dans la plupart des cultures, les femmes se sont toujours occupé des semences et de la Terre. La productivité masculine a pris le contrôle des semences et de l'agriculture. Pourtant, un milliard d'humains ne mangent pas à leur faim.
Depuis la nuit des temps, la Naissance est une affaire de femmes. Notre siècle a vu la médecine prendre le contrôle des accouchements et vouloir rentabiliser, optimiser, sécuriser... les processus. Pourtant le taux de mortalité maternelle est en augmentation dans nos pays industrialisés.

Faire du biologique, c'est redonner l'autonomie et la liberté aux agriculteurs ( qui ont perdu dans la plupart des pays du globe la propriété de leurs semences qu'ils sont OBLIGÉS d'acheter à des multinationales comme Mosanto). C'est aussi lâcher le contrôle et laisser la nature faire ce qu'elle a à faire et qu'elle fait formidablement bien. Favoriser les accouchements, c'est aussi lâcher le contrôle, laisser le temps aux femmes d'accompagner leur bébé, en choisissant ce qui est le mieux pour elles.

Voici un extrait d'un livre de Michel Odent : «De toute évidence, les processus physiologiques étaient perturbés le moins possible dans les groupes humains où les bases de la stratégie de survie n'étaient pas de dominer la nature.» (1).....
«Si la planète reste habitable - une hypothèse qu'il ne faut pas écarter - cela implique que «homo superprédator» aura finalement été remplacé par «homo écologicus». Homo écologicus se caractérisera par sa tendance à unifier, par sa capacité à développer une prise de conscience planétaire, et par un profond respect pour la Terre Mère».(2)

Une image à la fin de film que je trouve assez marquante: on voit une famille en Inde sur un scooter. Le père conduit, il a un casque pour se protéger. Sa femme et leur enfant sont installés à l'arrière, sans casque...

Je vous rappelle que Michel Odent sera à Montréal  les 16 et 17 mai 2011 pour partager ses recherches et son travail sur la physiologie et l'écologie de la naissance.



(1)Michel Odent «L'amour scientifié» Éditions Jouvence 1999. p.46
(2) p.163