La maternité, une aventure extraordinaire...


J'ai consacré de nombreuses années à tenter de mieux comprendre le passage de la naissance. J'ai préparé et accompagné de nombreux couples pour la naissance de leur enfant.
Peu à peu, j'ai élargi ma réflexion au vécu des femmes au cours de leurs différents passages: puberté, âge adulte, maternité, ménopause. Il est très intéressant pour les femmes de mieux comprendre ces passages de vie transformateurs et la puissance des hormones qui interagissent au cours des cycles.

Il y a eu la naissance du Centre Pleine Lune il y a déjà plus de 5 ans puis l'émergence tranquille de Ô Féminin, espace de rencontre avec la force du Féminin.

Isabelle Challut






samedi 8 janvier 2011

Solutions locales pour un désordre global

J'ai assisté hier soir au visionnement du film de Coline Serreau. Ce qui m'a frappée dans ce documentaire qui dresse un constat catastrophique de notre lien avec la Terre, de notre acharnement à produire et à détruire   les sols, est la similitude avec la situation des femmes qui accouchent à notre époque.

Michel Odent en parle depuis longtemps mais hier soir, pendant le film, j'étais attérrée par nos choix de société déshumanisés et finalement, comme le dit M.Odent notre «incapacité d'aimer».
La naissance est devenue un passage hyper contrôlé, avec énormément d'interventions, de drogues utilisées pour accélérer, soulager, déclencher...on ne fait plus confiance à la nature et à la capacité des femmes de donner la vie. 

L'agriculture qui s'est développée depuis 50 ans a privilégié l'utilisation massive de pesticides, d'engrais (issus de l'industrie de la guerre) pour produire plus sans analyser les conséquences : la destruction des sols, l'impact sur la santé des humains et des animaux.
Un des intervenants dans le film constate : «on fait de la gestion de problèmes et non de l'agriculture».
Dans nos unités d'obstétrique, on gère aussi les conséquences des interventions multiples plutôt que faciliter la physiologie de base.

En Inde, au Brésil, En France et dans de nombreux pays, des agriculteurs ont décidé, malgré les pressions, parfois les poursuites, de choisir une agriculture biologique  respectueuse de la nature; leur production est toujours aussi bonne, voire meilleure, avec une terre qui ne s'épuise jamais, les animaux et la forêt unis au processus de production. Tout est inter-relié et utile dans la nature et la compartimentation nuit aux processus.
Voici ce que dit un de ces pionniers du biologique: «On traite la Terre comme les femmes: les deux sont fertiles et on cherche à les contrôler!»
Dans la plupart des cultures, les femmes se sont toujours occupé des semences et de la Terre. La productivité masculine a pris le contrôle des semences et de l'agriculture. Pourtant, un milliard d'humains ne mangent pas à leur faim.
Depuis la nuit des temps, la Naissance est une affaire de femmes. Notre siècle a vu la médecine prendre le contrôle des accouchements et vouloir rentabiliser, optimiser, sécuriser... les processus. Pourtant le taux de mortalité maternelle est en augmentation dans nos pays industrialisés.

Faire du biologique, c'est redonner l'autonomie et la liberté aux agriculteurs ( qui ont perdu dans la plupart des pays du globe la propriété de leurs semences qu'ils sont OBLIGÉS d'acheter à des multinationales comme Mosanto). C'est aussi lâcher le contrôle et laisser la nature faire ce qu'elle a à faire et qu'elle fait formidablement bien. Favoriser les accouchements, c'est aussi lâcher le contrôle, laisser le temps aux femmes d'accompagner leur bébé, en choisissant ce qui est le mieux pour elles.

Voici un extrait d'un livre de Michel Odent : «De toute évidence, les processus physiologiques étaient perturbés le moins possible dans les groupes humains où les bases de la stratégie de survie n'étaient pas de dominer la nature.» (1).....
«Si la planète reste habitable - une hypothèse qu'il ne faut pas écarter - cela implique que «homo superprédator» aura finalement été remplacé par «homo écologicus». Homo écologicus se caractérisera par sa tendance à unifier, par sa capacité à développer une prise de conscience planétaire, et par un profond respect pour la Terre Mère».(2)

Une image à la fin de film que je trouve assez marquante: on voit une famille en Inde sur un scooter. Le père conduit, il a un casque pour se protéger. Sa femme et leur enfant sont installés à l'arrière, sans casque...

Je vous rappelle que Michel Odent sera à Montréal  les 16 et 17 mai 2011 pour partager ses recherches et son travail sur la physiologie et l'écologie de la naissance.



(1)Michel Odent «L'amour scientifié» Éditions Jouvence 1999. p.46
(2) p.163


   

1 commentaire:

  1. C'est vraiment intéressant Isabelle le lien que tu fais entre la destruction de nos ressources naturelles essentielles a notre alimentation par la prise de contrôle et la masculinisation de l'agro-alimentaire et la perte de pouvoir des femmes sur la maternité. C'est tellement vrai que c'est la même chose... Coline Serreau faisait le lien dans le film entre l'augmentation du patriarcat et la violence faite aux femmes et à la terre.

    Merci de partager avec nous ce regard, j'avais pas vu le film sous cet angle et je trouve ta vision très juste.

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