La maternité, une aventure extraordinaire...


J'ai consacré de nombreuses années à tenter de mieux comprendre le passage de la naissance. J'ai préparé et accompagné de nombreux couples pour la naissance de leur enfant.
Peu à peu, j'ai élargi ma réflexion au vécu des femmes au cours de leurs différents passages: puberté, âge adulte, maternité, ménopause. Il est très intéressant pour les femmes de mieux comprendre ces passages de vie transformateurs et la puissance des hormones qui interagissent au cours des cycles.

Il y a eu la naissance du Centre Pleine Lune il y a déjà plus de 5 ans puis l'émergence tranquille de Ô Féminin, espace de rencontre avec la force du Féminin.

Isabelle Challut






samedi 9 avril 2011

Lettre d'une mère à sa fille.

Voici le témoignage de Mélanie, pour nous rappeler que, même si notre enfant arrive par Césarienne, ce moment peut être heureusement bien vécu. Son deuxième enfant est né par les voies naturelles et elle nous racontera son expérience bientôt.

«Pour moi, l’accouchement n’était pas un aboutissement mais plutôt une étape. Je n’avais aucune crainte, aucune peur. Au contraire, j’avais hâte de vivre ce moment et je savais que nous serions là l’une pour l’autre. Je le voyais  comme un travail d’équipe pendant lequel chacune notre tour, nous allions faire des efforts pour aider l’autre. 
Je savais que j’aurais mal, mais ce mal ne me faisait pas peur parce que j’étais prête à tout pour toi. J’avais hâte de te voir enfin, te parler, te sentir, te toucher et t’entendre. 
Je t’aimais déjà depuis la seconde où j’avais appris que tu étais en moi. L’accouchement était l’évènement tant attendu qui allait nous réunir dans le même monde: tu allais traverser pour venir rejoindre le mien. 
J’ai cependant  dû accepter que ça ne se passerait pas comme je le visualisais car à 37 semaines, le docteur m’a confirmé que tu n’avais pas la tête en bas et que tu te présentais donc par le siège. On devait planifier une césarienne. 
Sur le coup j’ai été très déçue parce que je m’étais bien préparée à t’avoir naturellement, du moins à t’avoir par voie basse. Mais là tout était planifié, je savais la date et presque l’heure où tu allais arriver, il n’y avait plus la spontanéité, la fébrilité que tu puisses arriver n’importe quand et n’ importe où.

 Malgré toutes les positions inversées de yoga pour tenter de te faire tourner, malgré la version tentée par le docteur tu es restée  la tête en haut. 
J’ai finalement accepté que c’est toi qui décidais et, malgré la déception, je  me suis réconfortée en me disant que j’avais une petite fille qui savait garder la tête haute…
Cependant, tu as gardé ton titre de bébé surprise jusqu'à la fin. Tous les docteurs rencontrés m'avaient confirmé à chacun de mes rendez- vous que,  comme tu te présentais par les fesses,  je ne dilaterais pas et que j'avais  peu de chance de perdre les eaux... 
Et bien, tu as mérité ton titre car tu es arrivée non pas par césarienne planifiée le 15 avril mais bel et bien par césarienne d’urgence 24 heures à l’avance! 

J'ai perdu mes eaux dans la nuit du 13 au 14 avril. Nos réactions, à ton père et à moi, ont été, à ce moment très opposées. Maman était d’un calme inexplicable et papa faisait les cents pas et courrait d’un étage à l’autre.

Nous nous sommes présentés à l’hôpital en plein milieu de la nuit, j'avais des contractions aux 2 minutes depuis le tout début. Le médecin conclut que nous devions aller très rapidement en salle d’opération parce que tu semblais très pressée d’arriver. Tu as donc choisi de te présenter à 39 semaines.
Je t’avoue avoir trouvé tout ça très intense: avoir à peine eu le temps de me faire à l’idée que je partais en césarienne tout en apprivoisant les contractions me rendait un peu nerveuse. 
J’ai cependant bien géré les contractions très intenses et j’ai eu une grande facilité à me déconnecter de la réalité à chacune d’elle. J’ai complètement perdu la notion du temps. Pendant plus de deux heures, les contractions se sont succédées aux deux minutes et duraient de 1 à 1 minute et demie chacune. J’ai réellement eu l’impression que ça n’a duré que 30 minutes. 
Je vivais chaque contraction comme une vague: je visualisais la vague arriver quand la contraction débutait et la vague repartir avec la douleur. 
Je n’entendais et ne voyais plus ce qui se passait autour de moi, je me concentrais sur ma contraction, je la vivais intensément et calmement.

Puis est venu le temps de quitter pour la salle d’opération. Ton papa devait se préparer,  j’étais donc seule. En entrant dans la salle, je me souviens avoir souhaité une pause; j’aurais voulu arrêter le temps, je trouvais que tout allait trop vite, je n’arrivais pas à réaliser chaque instant. 
J’avais froid, je tremblais, beaucoup de personnes s’occupaient de moi et je perdais un peu le fil de ce qui se déroulait. J’avais des contractions bien présentes et j’avais l’impression d’être dans un rêve. Tout semblait irréel, tout était hors de mon contrôle. 
Je me souviens que c’est à ce moment que j’ai commencé à avoir peur, le moment où  je me suis dit que j’aimerais que tout arrête, mais en même temps j'avais hâte que ça finisse. 
En fait, j’avais hâte que ton papa revienne me tenir la main, je me sentais bien seule avec tous ces étrangers, très professionnels mais peu réconfortants. On ne m’expliquait pas vraiment ce qui se passait et j’aurais aimé avoir plus d'informations sur le déroulement; j’étais dépassée par les événements, tout allait très vite... tous ces gens autour de moi qui s'appliquaient à leurs tâches... J'avais tant besoin d’être rassurée. 
Quand ton médecin est arrivé et m’a dit que tout allait bien et que ton papa serait bientôt là,  je me suis laissée un peu aller. Quand il est entré et est venu s’asseoir près de moi, je me souviens m’être abandonnée. 
J’avais moins de tensions et j’étais plus calme. 
Ton papa semblait aussi être dépassé, j’arrivais à le voir dans ses yeux. Je ne pouvais voir que son regard puisqu’il était habillé d’un costume stérile, un masque et un chapeau. Je voyais dans ses yeux qu’il était inquiet et impuissant face à la situation. Sa présence me rassurait beaucoup, je pouvais le laisser suivre les événements à ma place. 
La rachi-anesthésie étant faite, je ne sentais plus les contractions, je ne sentais plus la douleur, j’étais consciente de mon corps mais tout ce qui se passait en bas de mes seins n’existait plus. J’avais une légère sensation, j’étais consciente que l’on bougeait mes jambes par exemple. Au moment où j’allais demander à  ton papa si la chirurgie était commencée, j’entendis crier  qu’il était 5h15 du matin. 
Juste un seul cri. Ton papa te regardait avec ses yeux plein d’eau, je n’oublierai jamais son regard sur toi. Ce regard voulait dire que tout allait bien et que tu étais maintenant la personne la plus précieuse dans sa vie.

 Le docteur a dit à ton papa de me dire « c’est quoi…? », mais ni lui ni moi ne comprenions ce qu’elle voulait dire. Elle ajouta donc : « mais dis- lui le sexe ».  Il m'appris alors que tu étais une fille, une pupuce d’amour.
  
Ton arrivée fût l’éveil des sens. Je t’ai entendu crier, quelques cris qui voulaient dire: « Mais qu’est-ce qui se passe ?». Ensuite tu m’as regardée. Nous nous sommes regardées profondément et je n’oublierai jamais ce regard. 
Tu semblais si calme et rassurée. Ils nous ont mis joue contre joue et nous  nous sommes alors touchées et senties. 
Je t’ai chuchoté à l’oreille: « t’es belle ».  Enfin nos sens étaient comblés. 
Pour la première fois de ma vie j’ai pleuré de joie et je me souviens m’être dit que je devais retenir ce moment que je vivais, ce trop plein d’émotions, cette vague de bonheur où la terre semble arrêter de tourner. Je savais maintenant que je sacrifierais ma vie pour toi. 

J’avais vécu la déception due à la césarienne car je savais que je ne pourrais te prendre dans mes bras dès ton arrivée. Finalement,  le simple joue contre joue et l’échange de regards me comblaient. 

Tu avais l’air tellement bien, calme que j'ai senti que tu pouvais m’attendre encore un peu. Tu ne semblais pas perturbée du tout. Au contraire, tu semblais avoir choisi d’être là et heureuse de l’être. 
Tu pouvais maintenant aller avec papa, celui dont tu connaissais la voix et le toucher. Il  était si fier et excité de prendre la relève jusqu’à ce que je revienne à tes cotés! Il était beau à voir. Il a fait le papa kangourou,  il t’a mis contre son ventre pour te garder au chaud. Tu étais calme et en paix. Tu lui as d’ailleurs fait plusieurs sucettes parce que tu cherchais désespérément à boire...

Pendant ce temps, j’étais à nouveau seule avec le personnel de la salle d’opération mais je n’avais plus peur, puisque je n’avais qu’à fermer les yeux pour revivre ces moments tout juste passés et trouver la paix. J’oubliais que j’avais froid, j’oubliais les tremblements, j’oubliais mon inconfort, tout ça était superflu. 

J’étais calme et fière, fière d’avoir vécu cette opération d’urgence où  tout se bousculait, où tout me dépassait et ce, après avoir passé une partie de la nuit à avoir des contractions aux deux minutes. J’étais épuisée, complètement vidée mais fière de nous. Après la salle de réveil, une fois de retour dans ma chambre, papa est venu me rejoindre avec toi dans ses bras. Vous sembliez vous connaître déjà depuis des lunes. Papa était au naturel ton papa. Je t’ai mis alors proche de mon sein et tu as commencé à boire. On aurait dit qu'on avait toujours fait ça, tout était naturel, naturel comme l’amour entre toi et moi.

L’accouchement est sans contre dit le moment le plus intense de ma vie, le moment hors de mon contrôle mais celui dont je suis le plus fière. Selon moi, peu importe le chemin que l’accouchement prend une chose est sûre c’est que l’on est toujours fière de soi. »

Merci Mélanie pour ce touchant partage.

1 commentaire:

  1. Quel magnifique témoignage! Il est au diapason du coeur et de l'âme. Touchant à souhait, il peut inspirer plein de futurs parents. Merci Mélanie et merci Isabelle de nous l'avoir transmis!

    RépondreSupprimer